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Le rendez-vous du particulier. Le nouveau contrôle technique pour les diesels dès le 1er juillet

Il y a aujourd’hui en France, dans le parc automobile 27 millions de véhicules diesel contre moins de 20 millions qui roulent à l’essence.

Article rédigé par franceinfo, Olivia Ferrandi
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Les véhicules diesels émettent des oxydes d'azote, des particules fines et du CO2, qui mettent en danger notre santé et la planète. (DPA PICTURE-ALLIANCE / AFP)

Un parc automobile en France de  27 millions de véhicules diesel et moins de 20 millions à l’essence. Les véhicules électriques ne représentent pas plus de 0,1% du parc automobile français. Cela dit, les ventes de voitures diesel sont en forte baisse. Entre janvier et avril 2019, elles représentaient 34% des ventes contre 59% pour les voitures essence. On parle là des voitures des particuliers.

Si vous avez un diesel, le contrôle technique va devenir nettement plus contraignant à partir du 1er juillet prochain avec de nouvelles mesures qui seront réalisées par les centres de contrôle. Pascal Frasnetti vient de signer un dossier sur cette question dans Le Particulier.

franceinfo : Ce nouveau contrôle technique devait en fait commencer au 1er janvier 2019 ?  

Pascal Frasnetti : Tout était prêt au 1er janvier en effet, mais le gouvernement a décidé le report de la mesure pour six mois, suite au mouvement des Gilets jaunes. Donc l’entrée en vigueur, vous l’avez dit, c’est le 1er juillet. Alors il est aujourd’hui admis par l’ensemble des grands réseaux de contrôle technique que la nouvelle mesure antipollution va entraîner un nombre croissant de contre-visites sur les voitures diesel.

Jusque-là, on était aux alentours de 1% de contre-visites. Ce taux devrait passer entre 4 et 6% à partir de juillet, ce qui va ramener la part de contre-visites des diesels au même niveau que celui des véhicules essence.    

De quoi parle-t-on exactement ? Quel point de contrôle s’avèrera plus contraignant ?  

Cette nouvelle mesure de l’opacité des fumées va permettre de vérifier les émissions notamment d’oxyde d’azote et de particules fines du moteur. Rappelons que ces particules sont cancérigènes.

Un nouveau protocole est mis en place : le moteur va être contrôlé à plein régime pendant une période de deux secondes. Le contrôleur peut effectuer comme ça jusqu’à sept accélérations successives. Il s’agit ensuite de vérifier que la mesure des émissions polluantes obtenue est bien en adéquation avec les données constructeur au moment de la fabrication de la voiture, avec bien sûr la prise en compte d’un coefficient d’usure.

En résumé, il s’agit de savoir si votre véhicule est beaucoup plus polluant que lors de sa mise en circulation. Si l’écart entre les valeurs obtenues et celle d’origine est trop élevé ou si les mesures sont trop instables lors du test, alors votre voiture sera recalée.  

Ça veut dire que je ne pourrai pas repartir avec ?  

Non, alors recalée ça veut dire quoi : ça veut dire que vous pourrez repartir avec mais vous devrez effectuer les réparations nécessaires dans un délai qui va dépendre du résultat. Rappelons que la dernière réforme du contrôle technique automobile, mise en place en mai 2018, distingue entre les défaillances critiques, qui obligent à effectuer les réparations dans la journée et puis des défaillances majeures ou mineures moins contraignantes.

Ce nouveau test d’opacité des fumées ne peut pas entraîner de défaillance critique. Donc, si vous êtes recalé, vous vous verrez signifier soit une défaillance mineure - dans ce cas vous n’avez pas de contre-visite à effectuer - soit une défaillance majeure, et là vous devez effectuer des réparations et vous re-présenter au contrôle dans un délai de deux mois.  

Le problème, bien sûr, ce sont les réparations qui peuvent être coûteuses : de quelques centaines d’euros pour changer une vanne de recirculation des gaz d’échappement (la vanne EGR) et jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour changer le turbo.   

Quels véhicules seront dans le collimateur ? Les plus anciens ?  

Non, pas nécessairement. L’objectif de la mesure est surtout de sanctionner les automobilistes qui auraient retiré le filtre à particules de leur véhicule. Le FAP est obligatoire sur les modèles diesels depuis 2011, bien entendu il entraîne une perte de puissance du véhicule, donc certains automobilistes l’ont fait retirer. Le nouveau test va permettre de les confondre.

Il existe deux autres profils de véhicules qui risquent de partir en contre-visite : d’abord les diesels qui roulent peu. Si vous parcourez moins de 2 000 km par an et que votre diesel vous sert seulement en ville ou sur des petits trajets, alors le moteur diesel s’encrasse. L’autre profil à risque, ce sont les diesels mal entretenus, dont les propriétaires n’auraient pas respecté les préconisations du constructeur en matière d’entretien.

Donc finalement qu’importe l’âge du véhicule : si la voiture diesel a été utilisée et entretenue de façon adéquate, elle devrait satisfaire au nouveau test.  

Dans ces conditions, est-ce que cela vaut la peine de passer chez le garagiste avant le contrôle technique ?

Les garagistes ne disposent pas de l’opacimètre, cet appareil coûteux dont les centres de contrôle technique ont dû s’équiper pour vérifier l’opacité des fumées. Cela dit, s’ils ont un doute sur la capacité d’un véhicule à passer le nouveau test, ils peuvent préconiser des solutions de décrassage du moteur - on voit souvent le terme d’écorévision - notamment en injectant de l’hydrogène dans le moteur, c’est ce qu’on appelle un décalaminage, qui coûte environ 200 euros. Ça permet souvent d’éviter de changer une pièce mécanique.

Si vous voulez vérifier si le passage par le garagiste va être inévitable, vous pouvez anticiper et réaliser une mesure de l’opacité avant le contrôle lui-même. Certains centres de contrôle proposent cette opération pour une cinquantaine d’euros.     

Un dossier signé Pascal Frasnetti à retrouver dans le mensuel Le Particulier.

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