Cet article date de plus de cinq ans.

Le rendez-vous du Particulier. Travailler à l'étranger ? Comment réussir son rêve

Sandrine Chesnel et Frédérique Schmidiger du mensuel "Le Particulier" ont consacré un dossier sur les Français expatriés. Une aventure qui ne s'improvise pas. 

Article rédigé par franceinfo, Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Valise et passeport pour partir vivre à l'étranger. (JOSE PELAEZ / IMAGE SOURCE)

Partir travailler à l'étranger demande aujourd'hui beaucoup plus de préparation que par le passé. Environ 3 millions de Français sont installés à l'étranger et 51% d'entre eux ont entre 26 et 60 ans. C'est ce que révèle l'enquête de Sandrine Chesnel et Frédérique Schmidiger pour le mensuel Le Particulier.

franceinfo : Quel est le profil classique des Français expatriés ?

Frédérique Schimidiger : Il y a environ 3 millions de Français expatriés. Un peu plus de la moitié ont entre 26 et 60 ans. Il y a bien sûr des jeunes en début de carrière qui filent à l’étranger. Mais aussi des actifs plus âgés. Avec un taux d’emploi au-delà de 60 ans plus élevé qu’en France.

Pour éviter les désillusions, mieux vaut oublier quelques fantasmes sur l’expatriation. La grosse augmentation de salaire, le grand logement tous frais payés, le maintien des avantages sociaux français…C’est fini ou presque. Les entreprises envoient de moins en moins leurs salariés à l’étranger, et quand elles le font, c’est souvent avec un contrat de travail local. Ce qui leur coûte bien moins cher.

Ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère. D’abord, il faut prendre conscience qu’on change complètement de monde, de vie ?

Il faut changer de langue, de maison, de régime alimentaire, d’école …Cela entraîne inévitablement du stress voire de l’angoisse, pour toute la famille. Et peut-être même, plus encore, pour le conjoint et les enfants, l’expatrié garde lui un minimum de liens avec son entreprise et ses collègues.

Pour trouver plus vite ses marques, l’idéal est de se préparer avant le départ : apprendre les bases de la langue - ce qui n’est pas forcément facile quand on part par exemple en Chine - se familiariser avec la culture, y compris avec la culture d’entreprise et managériale.

Comment ça se passe en matière de protection sociale ? Comment fait-on pour avoir la meilleure couverture possible ? 

Si vous partez dans le cadre d’un contrat d’expatriation avec une société française, vous restez en général bien couvert par votre entreprise. C’est plus compliqué et surtout plus coûteux si vous partez avec un contrat local. Il faut penser à vos frais de santé et à votre retraite.

Côté santé : une simple jambe cassée peut coûter 30 000 euros aux États-Unis ou à Singapour, qui restent à votre charge si vous n’avez pas de couverture santé…

Plusieurs solutions s’offrent à vous :

- soit vous cotisez seulement au régime local,  
- soit vous prenez, aussi, une assurance souscrite auprès de la Caisse des Français de l’étranger (la CFE) pour bénéficier sans interruption, de la même couverture santé qu’avec la Sécurité sociale. Ce qui ne dispense pas de prendre, en plus, une complémentaire santé.         
- Enfin, vous pouvez vous passer de la CFE et opter pour une assurance 100% privée.

Côté retraite : si on veut continuer à cotiser au système de retraite français, il faut adhérer à la CFE. Les expatriés cotisent aussi en général au système de retraite du pays dans lequel ils vivent. Mais s’ils n’y restent que 5 ou même 10 ans, ils risquent de ne pas avoir droit à grand-chose en contrepartie, faute d’avoir cotisé assez longtemps.

Pour ces questions, je vous recommande le site du Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale (le Cleiss). Ce site regorge d’informations pratiques sur le sujet.

Et quand on part en famille, que faire pour que tout se passe bien pour ses proches ?

L’idéal évidemment, c’est que le conjoint puisse avoir une activité, qu’il ne soit ni trop isolé ni trop dépendant. Mais ce n’est pas toujours possible. Son visa ne lui permet pas forcément de travailler. L’expatriation échoue d’ailleurs parfois car la famille ne s’y fait pas.

Heureusement, il existe quelques filets de sécurité. D’abord, si on démissionne pour suivre sa moitié, on a droit au chômage si on revient en France moins de 4 ans après avoir démissionné. On peut aussi se renseigner auprès de son employeur pour savoir s’il existe des dispositifs qui encouragent la mobilité pour suivre un conjoint. Comme la convention du Cindex, signée par 40 grandes entreprises.

Enfin, un rendez-vous chez un notaire avant le départ n’est pas superflu pour mesurer les conséquences de l’expatriation sur les droits et la protection de son conjoint, partenaire de Pacs ou concubin. Cela varie énormément selon le pays dans lequel vous vivez. Le Pacs n’est pas reconnu partout. Même si vous êtes mariés, mieux vaut se renseigner avant de partir sur le sort du conjoint et des biens achetés à l’étranger, en cas de séparation ou pire de décès.

Et la fiscalité, c’est un casse-tête ? 

Honnêtement…oui plutôt. C’est du cas par cas. Cela dépend non seulement du droit français mais aussi des conventions internationales. La notion clé : c’est celle de la résidence fiscale. Un salarié qui s’expatrie est non-résident s’il passe plus de la moitié de l’année hors de France.

Dans ce cas, les revenus tirés de son activité professionnelle sont généralement imposables dans l’état où il exerce son activité. Et si vous occupez même ponctuellement votre ancienne résidence principale en France, attendez-vous à payer une taxe foncière et une taxe d’habitation plus élevées car elle deviendra une résidence secondaire. Si vous la donnez en location, les loyers seront à déclarer et seront imposés en France.

On parle à peine de départ qu’on évoque déjà de retour. Ce n'est pas évident à gérer...

En fait, il faut penser au retour avant même de partir. Revenir dans son entreprise après 5 ans, c’est toujours compliqué. L’organisation et les têtes ont changé. On s’est éloigné de son réseau et il est difficile de reprendre un poste avec souvent moins de responsabilités et d’autonomie.

Les enfants ont aussi parfois du mal à retrouver le système scolaire français, surtout s’ils sont allés dans des écoles internationales. Tous les expatriés vous le diront  : c’est au retour que l’on sait si on a réussi son expatriation.

Avantages et inconvénients de l'expatriation ? 

Les avantages : les rencontres, la découverte de nouvelles cultures, d’une nouvelle langue, l’ouverture d’esprit, une véritable aventure familiale.

Les inconvénients : cela mobilise beaucoup d’énergie, cela peut déséquilibrer le couple, financièrement, ce n’est pas forcément une bonne opération. Il faut s’y préparer, vérifier si on arrivera à vivre dans le pays d’accueil, à se faire à sa culture, son mode de vie. Bref, mieux vaut tâter le terrain avant de signer et de prendre son billet, et, peut être aussi, prévoir une solution de repli si ça ne fonctionne pas.      

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.