Kim Philby, l'agent double fidèle au Kremlin
Harold Adrian Russel Philby est né le 1er janvier 1912 à Ambala (Pendjab, Inde), où son père était inspecteur des colonies de l'Empire. Plus connu en tant que Kim Philby, il doit ce surnom au héros de Rudyard Kipling. Diplômé d’Histoire de Trinity College, il suit sans hésitation l’exemple son professeur d'économie, un marxiste convaincu et un des fondateurs du parti communiste, Maurice Dobb, et adhère au parti.
En juin 1933, à l’issue de ses études, Philby n’a qu’une idée en tête : devenir un clandestin du Komintern (Internationale communiste). Son cher professeur l’introduit alors auprès d’un grand metteur en scène des messes communistes en Europe, Willy Münzenberg. Il passe alors l'année 1934 à Vienne, servant de courrier pour le parti communiste local clandestin. Une fois en Autriche, les convictions du jeune Anglais se forgent de manière définitive.
Sa rencontre avec Arnold Deutsch
A Vienne, Philby rencontre Arnold Deutsch, son futur recruteur. Subtil, ce dernier n’évoque pas d’emblée une mission d’espionnage en faveur du Kremlin ; il parle seulement en termes vagues de collaboration à la lutte clandestine de l’International communiste contre le fascisme, en déclarant : "Nous avons besoin de gens capables d'infiltrer les institutions bourgeoises. Faites-le pour nous ". Puis, il suggéra à Philby de rompre officiellement tout lien avec le Parti communiste britannique et d’infiltrer les milieux profascistes.
Un demi-siècle plus tard, Philby racontera, avec un lyrisme tout à fait inhabituel pour un maître-espion du Kremlin, sa première rencontre avec son recruteur : "C'était un homme merveilleux. Absolument merveilleux. Je l'ai senti tout de suite. Et je n'ai jamais changé d'avis. La première chose qu'on remarquait chez lui, c'était ses yeux. Il vous regardait comme s'il n'y avait rien de plus important au monde que d'être là avec vous et de vous parler. "
Des "Magnificent Five" aux Services Secrets
Kim Philby sera également l’un des "Magnificent Five", recrutés par ce même Arnold Deutsch. La tactique utilisée est si talentueuse que les cinq agents de Cambridge parviennent à entrer au Foreign Office ou dans les services de renseignement. L’avalanche de leurs informations devient telle que le Kremlin a parfois des difficultés à les analyser. Mais les Soviétiques ne cachent pas leur gratitude envers l’espion : "Exprimez beaucoup de gratitude de notre part à Söhnchen (nom de code donné à Kim Philby par les Soviétiques) pour son travail. Si vous le jugez à propos et possible, offrez-lui avec le plus grand tact une prime de 100 livres sterling ou un cadeau de même valeur. "
Cette reconnaissance tardive provoqua chez Philby une réaction presque pathétique. "Durant cette décennie, dit-il, jamais je n'ai été aussi profondément touché qu'aujourd'hui, avec ce cadeau du Kremlin. Jamais non plus je n'ai été aussi profondément ému que par votre message (de remerciement) ."
Les rapports envoyés par Philby début 1944 concernant la création, aux Services Secrets, de la section IX, chargée d’étudier les activités soviétiques et communistes comptent énormément. A la fin de l'année, celui-ci réussit à devenir chef de cette nouvelle section qui s'était élargie. Il est alors chargé de la collecte d’informations concernant l'espionnage soviétique et de la subversion, partout dans le monde.
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