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Le sens de l'info. La vocation

Le philosophe Michel Serres et Michel Polacco décryptent aujourd'hui le mot "vocation".

Article rédigé par franceinfo, Michel Polacco - Michel Serres
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
25 mars 2018. Répétition générale en vue d'un spectacle à l'Opéra de Montpellier dans le cadre du projet DEMOS, le dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale, initié en 2010.  (MAXPPP)

 Vocation, c’est en quelque sorte le destin, une force profonde qui vous conduit vers un but : être prêtre, s’occuper des autres, être médecin, pour ce qui est des irrésistibles besoins de servir, mais on peut aussi être un bel ébéniste, ou un brillant ingénieur ou chercheur, un compagnon du devoir, c’est-à-dire avoir des dons, si intenses, qu’ils conduisent naturellement sur un parcours ou une vie professionnelle ou privée remarquable évidente.

Michel Serres a entrepris une vie de marin et est devenu philosophe et professeur, je suis devenu journaliste et aviateur. Ce sont des vocations qui ont guidé nos pas.  L'origine de la vocation est bien difficile à expliquer !

Présentation de la candidature de Claude Lévi-Strauss à la chaire d’Anthropologie sociale (extrait)
Assemblée des professeurs du Collège de France, 15 mars 1959

Maurice Merleau-Ponty  

"C’est récemment que l’anthropologie sociale, entre sociologie et ethnographie, a conquis son autonomie. Les travaux de M. Claude Lévi-Strauss sont presque les seuls en France à suivre précisément cette ligne...pour motiver aujourd’hui la candidature de l’auteur à la nouvelle chaire, il ne me reste guère qu’à montrer comment une vocation précise et une suite méditée de travaux l’ont amené à l’ensemble de méthodes et d’idées dont vous avez bien voulu reconnaître l’importance en créant la chaire d’anthropologie sociale.

M. Lévi-Strauss est agrégé de philosophie …Mais, aussitôt que l’occasion lui en a été donnée, il a gagné le Brésil et mis à profit ce séjour pour aller visiter dans des conditions difficiles et même risquées des populations de l’intérieur. Appartenant à une génération très voisine de la sienne, je peux dire comme cette initiative était alors originale : il fallait à un universitaire de vingt-six ans la plus ferme vocation pour passer sans transition des quatre années d’études philosophiques à un travail sur le terrain que n’avait pratiqué, à ma connaissance, aucun des grands auteurs de l’école française.

C’est que, dès ce moment, à la question : "Qu’est-ce qu’un homme ?" ou : que peut un homme en face de la Nature et des autres hommes ?, M. Lévi-Strauss cherchait réponse, non pas, à la manière des philosophes, par l’approfondissement sur place de cet exemplaire humain dont chacun de nous dispose, mais dans la rencontre effective avec les variantes extrêmes de l’être humain, aussi différentes que possible de celle que nous sommes. Absolument autres et pourtant compréhensibles pour nous, si du moins nous entrons dans leur vie, les autres sociétés nous apprennent à reconnaître une logique de leurs institutions, une vérité de leurs croyances, qui soulignent les options originales de notre culture."

A lire, à écouter aussi 

Claude Lévi-Strauss : la vocation d’anthropologue

Une vie, une oeuvre, Lévi-Strauss, France Culture

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Vocation de la philosophie

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