"150.000 fonctionnaires en moins sous Sarkozy, 60.000 en plus sous Hollande"
Mardi matin, Alain Juppé est revenu sur les politiques de gauche et de droite à l'égard des fonctionnaires. Le candidat à la primaire de la droite et du centre a affirmé que la droite avait "supprimé, à tort ou à raison, 150.000 emplois dans la fonction publique ". "Depuis 2012, on en a créé plus de 60.000. Donc vous voyez qu’il y a des politiques différentes “, a poursuivi l'ancien Premier ministre.
C'est faux pour les deux chiffres avancés. Mais d’abord, une précision importante, Alain Juppé ne parle que des fonctionnaires d’Etat. La fonction publique est en effet divisée en trois versants : la fonction publique territoriale, la fonction publique hospitalière et, donc, celle d’Etat, à laquelle il est ici fait référence, et qui compte environ 2,5 millions d’employés.
“150.000 emplois supprimés” sous Nicolas Sarkozy ?
Non, 150.000 emplois n'ont pas été supprimés chez les fonctionnaires d'Etat sous Nicolas Sarkozy. On est en réalité plutôt autour de 85.000 réellement supprimés de 2007 à 2012. C’était dans le cadre de la fameuse RGPP, la Révision générale des politiques publiques, dont la mesure phare, vous vous en souvenez, était le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Or dans certains ministères cette mesure a été respectée, dans d’autres non. Pour simplifier, car les jeux d’écriture sont très complexes, environ 150.000 postes de fonctionnaires ont bel et bien été supprimés. Mais, pendant la même période, d’autres ont été créés. On arrive donc à ce solde négatif : environ 85.000 fonctionnaires de moins dans la fonction publique d’Etat pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
60.000 postes créés depuis 2012 ?
C’est faux également. Alain Juppé fait référence à la promesse de campagne de François Hollande : 65.000 fonctionnaires supplémentaires dans les trois secteurs prioritaires que sont l’Education, la Justice et la Sécurité. A ce jour, seuls 25.000 postes ont été créés. Et là encore, ces créations sont partiellement compensées par des suppressions de postes dans les secteurs dits non prioritaires : les Finances ou l’Ecologie par exemple. Ce qui fait dire à un syndicaliste de la fonction publique qu’en 2017, le solde sera de zéro.
Ces chiffres sont en fait surtout des effets d’annonce. D’ailleurs si l’on prend la fonction publique dans son ensemble (hospitalière, territoriale et d’Etat), ce sont 300.000 postes supplémentaires créés sous Nicolas Sarkozy. Et en deux ans de mandat de François Hollande, on compte déjà 63.000 fonctionnaires de plus selon l’INSEE. Des hausses dues essentiellement à l’accroissement des emplois dans la fonction territoriale.
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