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Attentat au Québec : bataille de communication autour des "Fake news"

Comment des sites d'extrême droite ont utilisé la précipitation de certains médias après l'attentat de Québec pour dénoncer les "fake news"... et mieux désinformer.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un compte parodique de l'agence Reuters diffuse une fausse information sur les auteurs présumés de l'attaque à Québec (capture d'écran Twitter)

C'est désormais un classique : après un événement dramatique, de multiples rumeurs et fausses informations sont diffusées sur les réseaux sociaux.

Dans les minutes qui ont suivi l'attentat dans un centre islamique de la ville de Québec dimanche 29 janvier, un faux compte Twitter de l'agence Reuters (supprimé depuis) a, par exemple, diffusé la photo de deux hommes présentés comme les auteurs présumés de la fusillade qui a coûté la vie à 6 personnes. D'après ce message, il s'agirait de suprémacistes blancs.

Un compte parodique de l'agence Reuters diffuse une fausse information sur les auteurs présumés de l'attaque à Québec (capture d'écran Twitter)

La rumeur a été partagée plusieurs centaines de fois en quelques minutes. Le site américain d'information The Daily Beast s'est également fait avoir par ce compte parodique. 

Un média qui se trompe en reprenant trop rapidement une information non vérifiée ? Ce n'est malheureusement pas une première. Et beaucoup de comptes Twitter et sites d'extrême droite (ici par exemple) vont alors profiter de cette faute pour qualifier ce média de "fake news" et ainsi discréditer la thèse de l'acte raciste. 

D'ailleurs, une autre version est largement partagée sur les sites d'extrême droite juste après l'attaque : les tueurs présumés seraient des "musulmans extrémistes"  qui ont crié : "Allahu akbar" lors de la tuerie. Exemple sur le site islamisation.fr (qui a modifié son article depuis) :

La rumeur des tireurs "musulmans extrémistes" au Québec (Capture d'écran islamisation.fr)

La rumeur est née de deux éléments : l'arrestation d'un suspect d'origine marocaine sur les lieux de l'attentat. Par ailleurs, "un témoin qui préfère garder l'anonymat" affirme que le tueur aurait crié "Allahu akbar" avant de tirer. L'attentat serait donc le fait de terroristes islamistes. D'ailleurs, le deuxième suspect, Alexandre Bissonnette, est "probablement un converti". 

Une théorie reprise notamment par, là encore par plusieurs médias le compte Twitter de la chaîne américaine Fow News... qui s'est finalement excusée d'avoir "commis une erreur".

Car, après quelques heures en garde à vue, les enquêteurs n'ont plus aucun soupçon : cet homme n'est pas un suspect mais un témoin. D'après son témoignage recueilli par Radio Canada, il a été interpellé alors qu'il tentait de venir en aide aux victimes de l'attentat.

Et au final ?

C'est un étudiant canadien islamophobe qui a été inculpé de meurtres avec préméditation. Alexandre Bissonnette a appelé lui-même la police une demi-heure après la tuerie pour reconnaître sa culpabilité. 

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