En Allemagne, la coalition a-t-elle mis six mois pour parvenir à un accord de gouvernement ?

Interrogé sur les longues et difficiles négociations au sein du Nouveau Front populaire, Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a affirmé que le NFP ne pouvait pas "faire en six jours, ce que l'Allemagne a fait en six mois".
Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les leaders socialistes, écologistes et libéraux marchent côte à côte dans les rues de Berlin (Allemagne), après la signature d'un accord de coalition, le 24 novembre 2021. (ABDULHAMID HOSBAS / ANADOLU AGENCY)

Dix jours après le second tour des législatives qui l'ont placé en tête des suffrages, le Nouveau Front populaire n'est toujours pas parvenu à s'entendre sur le nom d'une ou d'un Premier ministre. "Ce n'est pas facile", a reconnu Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l'Assemblée alors que les négociations sont rompus entre le PS, le PC, EELV d'un côté et LFI de l'autre.

"Je regarde ce qui s'est passé dans d'autres pays qui ont la culture des majorités relatives, qui construisent des gouvernements pluralistes, a-t-il poursuivi. Cela prend parfois des mois. On nous demande de faire en six jours ce que l'Allemagne a fait en six mois". La coalition au pouvoir en Allemagne a-t-elle vraiment mis six mois pour parvenir à un accord gouvernemental ?

Un accord négocié en moins de deux mois

Il n'y a pas eu six mois mais un peu moins de deux mois entre le résultat des dernières élections fédérales en Allemagne et la signature d'un accord de gouvernement. Le 26 septembre 2021, les socialistes du SPD arrivent en tête avec 25,7% des voix devançant largement les conservateurs de la CDU (le parti de la chancelière sortante Angela Merkel) avec 24,1% des voix. Le 24 novembre, ils dévoilent leur contrat de coalition avec les Verts (troisième avec 14,8% des voix) et les libéraux du FDP (11,5% des voix) : un document de 177 pages, revendiqué comme "ambitieux" sur le plan climatique par les signataires.

Deux mois pour former une coalition, c'est à peu près la moyenne outre rhin. Cependant, il y a bien eu un cas de figure où les négociations ont duré six mois. Après les élections législatives du 24 septembre 2017, il avait fallu attendre 171 jours pour qu'Angela Merkel soit réélue chancelière et prenne la tête d'une coalition entre la CDU-CSU et le SPD. C'était un record dans le pays.

Presque deux ans de tractations en Belgique

Mais dans d'autres pays européens, la formation des coalitions prend parfois beaucoup plus de temps. En terme de patience, les électeurs belges ont une sacré expérience. En 2010 - 2011, ils avaient dû attendre 22 mois entre le résultat des élections et la formation d'un gouvernement de coalition. Un record dans le pays. On peut aussi citer les Pays-Bas où la droite et l'extrême droite ont négocié plus de sept mois avant de parvenir à un accord pour gouverner en mai 2024.

Ce qu'il faut souligner c'est que dans ces deux pays, le parlement est élu à la proportionnelle intégrale. Le paysage politique est très fragmenté. Trouver un accord de coalition s'avère donc particulièrement difficile.

Le choix du Premier ministre, un sujet pas toujours clivant

Le choix du Premier ou de la Première ministre est-il, comme au sein du Nouveau Front populaire, une pierre d'achoppement dans les négociations ? Pas forcément. En Allemagne, l'usage veut que le chef du gouvernement soit issu du parti arrivé en tête des élections ou du parti qui domine la coalition. Olaf Sholtz, le patron des socialistes, a été logiquement choisi puis élu par le Bundestag.

Aux Pays-Bas, c'est la même tradition en principe. Mais malgré sa victoire, le leader du parti d'extrême droite PVV, Geert Wilders, a dû renoncer à diriger le pays. La droite et le centre droit, ses alliés au sein de la coalition, avaient mis leur veto à sa nomination. C'est Dick Schoof, un ex-chef du renseignement, sans parti, et plus consensuel, qui est finalement devenu Premier ministre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.