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Environnement : le gaz naturel liquéfié est-il un carburant "propre" ?

Le GNL, présenté comme "propre", est un carburant de plus en plus utilisé par la filière maritime. Il a pourtant bien un impact non négligeable sur l'environnement.
Article rédigé par franceinfo - Caroline Félix
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le paquebot MSC Euribia, propulsé au GNL. Ici à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le 30 mai 2023 (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Le gaz naturel liquéfié est souvent présenté comme une solution écologique pour remplacer le fioul des navires. Le pétrolier Total évoque par exemple de "carburant marin propre" dans certaines de ses communications. Sur la page internet de son paquebot de croisière Euribia, floqué d'un message "Save the Sea" ("Sauvons la mer"), la compagnie MSC met en avant le fait que le navire carbure au GNL et qu'il "réduira les émissions de gaz à effet de serre jusqu'à 20%". Des données à prendre des pincettes, car le GNL a bien une incidence sur l'environnement.

Une exploitation très énergivore

En brûlant, le GNL émet effectivement beaucoup moins de polluants de l'air, comme les oxydes de soufre, les particules ou les oxydes d'azote. Ces polluants sont mauvais pour la santé et sont à l'origine de décès prématurés. Mais en qui concerne les émissions de gaz à effet de serre et donc l'impact sur le climat, l'intérêt du GNL est nettement moins évident.Certes, il rejette moins de CO2 en brûlant dans le moteur, mais cet avantage est nettement réduit voire annulé à cause des émissions annexes, tout au long du cycle de vie de ce gaz.

Le GNL est une énergie fossile, qu'il faut aller chercher dans la roche. Or, ce procédé peut être très polluant, notamment aux États-Unis, qui fournit 20% de gaz à l'Union européenne . Là-bas, le gaz est retenu dans des milliers de petites poches formées dans de la roche de schiste. Pour y accéder, il faut détruire cette roche, par forage et fracturation hydraulique, un procédé interdit en France pour son impact environnemental. Une fois le gaz extrait, il faut le liquéfier à -160°C puis lui faire traverser l'Atlantique par tankers. Tout ce processus nécessite des machines qui fonctionnent au pétrole, et qui rejettent donc des gaz à effet de serre.

Des fuites de méthane, un puissant gaz à effet de serre, tout au long du cycle de vie

L'autre gros point faible du GNL, qui est composé principalement de méthane, ce sont les fuites, qui ont lieu principalement lors de l'extraction, comme l'explique l'ONG Transport et Environnement. Il y a aussi des fuites une fois que le GNL est chargé dans les réservoirs des navires, parce que les moteurs ne sont pas parfaits, de l'aveu même des motoristes qui disent travailler sur une amélioration. Or, le méthane, lorsqu'il s'échappe, est un gaz à effet de serre très puissant. Il réchauffe l'atmosphère 83 fois plus que le CO2 sur une durée de 20 ans, 28 fois plus sur une durée de 100 ans, d'après le GIEC, le groupe d'experts du climat.

En résumé : le GNL est-il moins polluant que le fioul ? Cela dépend. En fonction de la motorisation et de l'origine du GNL, le gain d'émission de gaz oscille entre -17% et +6% par rapport au fioul, d'après un rapport sur les pistes pour décarboner la filière maritime (page 27). Le cabinet de conseil Carbone 4 estime de son côté que le GNL permet de réduire de 5% à 10% les émissions par rapport au fioul, en moyenne.

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