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L'alcool au volant, circonstance atténuante dans les années 70 ?

Le film de Coline Serreau "Tout est permis" sur la sécurité routière affirme que l'alcool au volant était considéré comme une circonstance atténuante en cas d'accident dans les années 70. Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
  (Contrôle d'alcoolémie le 4 juillet 2008 © Maxppp)

Vrai

C'était au tout début des années 70. Jean-Yves Salaün, délégué général de la Prévention routière explique que "les conducteurs, qui passaient devant le juge et qui avaient à justifier leur comportement, pouvaient mettre en avant le fait qu'ils avaient bu et que donc il n'étaient forcément en état d'avoir conscience de leur comportement, des risques qu'ils prenaient. Et les juges pouvaient considérer que l'alcool était dans ce cas une circonstance atténuante ". Et au final, la sanction contre l'automobiliste pouvait donc être allégée.

Cette tolérance se retrouvait chez les policiers et les gendarmes. Jean-Yves Salaün ajoute que "beaucoup de personnes de 60 ans, dans les groupes que nous réunissons, disent qu'il leur est arrivé lorsqu'elles étaient jeunes d'être interceptées par les forces de l'ordre en ayant trop bu. Et les forces de l'ordre à l'époque les laissaient repartir ".

Pic de mortalité

La société était complètement différente. Jusqu'au début des années 70, on parlait peu de l'alcool au volant, il n'y avait pas de taux limite d'alcoolémie, pas de ceinture de sécurité obligatoire et des limitations de vitesse bien moins sévères qu'aujourd'hui.

Mais en 1972, la France connait sa pire mortalité routière avec 18.000 personnes tuées, l'équivalent de la population de la ville de Mazamet à l'époque.

Durcissement

L'arsenal législatif et réglementaire se met en place avec le port obligatoire de la ceinture de sécurité, les limitations de vitesses et les taux d'alcoolémie. Le premier taux d'alcoolémie est fixé ainsi : à plus de 0,8g par litre de sang, c'est une contravention. A 1,2g, on commet un délit. A ce moment là, il n'est plus question pour les juges de considérer l'alcool comme une circonstance atténuante.

Aujourd'hui, l'alcool est une circonstance aggravante. Mais cela ne date que de 2007. Les automobilistes sont bien-sur dans le viseur, mais cette sévérité accrue a aussi amené certains juge à condamner des restaurateurs ou patrons de bar car ils avaient laissé repartir en voiture un client qui avait trop bu.  

En 2013, le nombre de tués sur les routes a été de 3.250 morts. 30% de ces accidents mortels restent dus à l'alcool. Le taux maximum d'alcoolémie est de 0,5g.

 

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