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Le vrai du faux. La moitié des étudiants échouent-ils en première année à cause de Parcoursup, comme l'affirme un député ?

Roger Chudeau, élu Rassemblement national, accuse la plateforme Parcoursup et la réforme du baccalauréat d'être tellement inefficaces que la moitié des jeunes bacheliers échouent pendant leur première année d'études.

Article rédigé par franceinfo - Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Examens de première année en études de santé à Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) le 20 décembre 2019 (CEDRIC JACQUOT / MAXPPP)

Alors que les bacheliers viennent de faire leurs derniers vœux sur la plateforme Parcoursup et commencent les épreuves de spécialités du bac, des critiques se font à nouveau entendre. Mardi 14 mars, lors des Questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le député Rassemblée national du Loir-et-Cher Roger Chudeau a interpellé le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye. "L'ensemble Parcoursup – nouveau bac est un système parfaitement arbitraire et globalement inefficace, a-t-il dénoncé. Résultat, 50% des bacheliers échouent en première année d'enseignement supérieur, bravo !", a-t-il lancé ensuite. Des chiffres réels, mais présentés de façon trompeuse.

52,2 % d'échec en première année de licence

L'estimation donnée par Roger Chudeau est vraie. Elle est même un peu en-dessous de la réalité. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, 52,2 % des étudiants de première année à la rentrée 2020 ne sont pas passés en deuxième année en septembre 2021. La moitié d'entre eux ont redoublé dans la même filière ou en se réorientant, l'autre moitié a arrêté les études.

Mais ces chiffres sont à relativiser car ils ne comptent que les étudiants inscrits à l'université, sans prendre en compte les étudiants en écoles publiques ou privées. Par ailleurs, la crise sanitaire a bouleversé l'année 2020, qui ne peut pas vraiment servir de référence.

Parcoursup n'a pas aggravé les choses

Néanmoins, les propos du député sont trompeurs quand il sous-entend que la réforme du baccalauréat et la plateforme Parcoursup ont empiré les choses.

D'abord, la réforme du baccalauréat est trop récente. Les premiers lycéens à avoir passé les épreuves du nouveau bac l'ont fait en 2021 et ont terminé leur première année d'études en 2022. Or, le ministère de l'Enseignement supérieur publie toujours les chiffres avec une année de décalage. En novembre 2022, il a publié ceux qui concernent la première année d'étude des bacheliers de 2020, cités ci-dessus. Il n'est donc pas encore possible de tirer un bilan, positif ou négatif, de la réforme du bac sur la réussite des études supérieures.

Concernant Parcoursup, les chiffres sont bien disponibles et l'impact n'a pas été négatif. La plateforme, très critiquée, est en place depuis 2018. 55,5 % des premiers bacheliers à y avoir eu recours ayant ensuite fait une première année de licence ne sont pas passés en deuxième année. À l'inverse, juste avant la mise en place de la plateforme, ce taux d'échec s'élevait à 56 % pour les bacheliers de 2017 s'étant inscrits à l'université, 59 % pour ceux de 2016, 58,4 % pour ceux de 2015. Avant encore, on retrouve un taux d'échec de 56,2 % pour ceux de 2011.

D'autres facteurs d'échec et de réussite

Les taux étaient donc moins bons dans les années précédant la mise en place de Parcoursup. Mais cela ne signifie pas pour autant que la plateforme a amélioré les choses. En remontant le temps, on trouve des taux d'échec plus bas que les taux actuels, et donc meilleurs. Ils s'élèvent à 51 % par exemple pour les bacheliers de 1983, pendant leur première année de Deug.

En fait, il y a plusieurs facteurs qui expliquent les échecs et les réussites des étudiants, dont les origines sociales, les filières empruntées au lycée et la scolarité avant le bac. Quelqu'un qui avait de bons résultats au lycée a plus de chances d'en avoir aussi à l'université.

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