La télévision iranienne censure-t-elle le corps des athlètes femmes dans les retransmissions des JO, comme l'affirment certains internautes ?
La télévision iranienne censure-t-elle le corps des athlètes femmes dans les retransmissions des Jeux olympiques ? C'est ce qu'affirment de nombreux internautes qui postent une vidéo sur les réseaux sociaux ces derniers jours. On voit plusieurs compétitions où s'affrontent des sportives : de la gymnastique, de la course de haie et du plongeon. À chaque fois, le corps des athlètes est caché à l'aide de grosses bandes noires sur l'écran. D'après les internautes qui partagent cette vidéo, c'est de cette façon que les compétitions des JO sont retransmises à la télévision iranienne.
En réalité, c'est faux. Cette vidéo est extraite d'une émission parodique en langue persane produite par deux Iraniens installés aux Etats-Unis (extrait à 10 minutes 12 secondes). Le programme, intitulé "Parazit", a été diffusé pendant trois ans, de 2009 à 2012, sur la chaîne américaine à diffusion internationale "Voice of America". L'émission était bien connue des Iraniens qui la regardaient sur Internet ou la captaient grâce à des paraboles. La vidéo que partagent les internautes est donc d'une part ancienne et d'autre part parodique. Elle avait pour but de se moquer du gouvernement iranien et de la censure qu'il exerce.
Certaines épreuves ne sont tout simplement pas diffusées
En réalité, d'après le correspondant de franceinfo en Iran, la télévision iranienne ne diffuse tout simplement pas certaines épreuves féminines des Jeux olympiques, lorsque les sportives sont, selon le gouvernement iranien, trop peu habillées. C'est le cas par exemple de la natation, de la gymnastique, ou du beach-volley. Mais, il n'y a de toute façon pas d'équipe iranienne dans ces disciplines. Les femmes iraniennes ont le droit de pratiquer ces sports, mais pas de participer à des compétitions devant un public mixte comme celui des JO.
Les épreuves qu'on voit à la télévision iranienne sont celles où les sportives sont très couvertes, comme le judo ou l'équitation, a fortiori si des sportives iraniennes sont en lice, comme le tennis de table, le tir à l'arc, l'aviron ou le taekwondo. Les épreuves peuvent aussi être diffusées si elles sont filmées de loin comme le kayak. Cette année, le 100 mètres dame a aussi été diffusé, puisqu'il y avait une Iranienne au départ : Farzaneh Fasihi, arrivée 7e. Mais attention : elle avait bras et jambes couverts et portait un hijab de sport. Quant aux épreuves censurées, les Iraniens peuvent toujours les suivre sur Internet ou sur des chaînes étrangères qu'ils captent grâce à des paraboles.
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