Le FN supprime-t-il les tarifs sociaux dans les cantines ?
Vrai
Quatre communes FN ou ex-FN sur 11 au départ ont fait - ou envisage de faire - des cantines scolaires un véritable levier politique assumé. L'ex-commune FN est celle du Pontet dans le Vaucluse, où l'élection a été invalidée fin février. Mais elle reste intéressante à citer car l'ex-maire, Joris Hébrard donc, a mis fin à la gratuité de la cantine en juin dernier. 65 enfants, mathématiquement issus des familles les plus pauvres, ont été touchés. La raison avancée, c'était la dette du Pontet qui s'élèverait à 50 millions. Il faut faire des efforts, expliquait alors Joris Hébrard qui disait ne pas avoir de tabou et qui voulait responsabiliser les parents.
A Villers-Cotterêts dans l'Aisne, l'augmentation des tarifs de cantine a été décidée très tôt : un euro de plus pour le tarif le plus bas. 2,50 le repas donc, au motif qu'une personne au RSA peut venir chercher son enfant si elle ne travaille pas, dit la mairie.
A Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, cette fois la mairie envisage de réserver la cantine aux enfants dont les deux parents travaillent. Si l'un au moins est chômeur, l'enfant sera indésirable au réfectoire. Problème : pas sûr que la mesure soit légale.
Autre façon d'agir sur les cantines scolaires, à Beaucaire dans le Var, Julien Sanchez a décidé en février d'en interdire l'accès aux enfants dont les parents n'ont pas payé. Et la mairie estime qu'il s'agit alors d'un abandon d'enfant. Argument avancé : plus de 66.000 euros d'impayés en 4 ans.
Alors le patron du parti communiste ne découvre pas ces situations. L'argument est régulièrement soulevé et il entre dans l'arsenal anti-FN du front de gauche...
La gratuité peu répandue
Une mairie n'est même pas obligée de mettre en place un service ce restauration scolaire. Et quand elle le fait, elle détermine ses tarifs et elles sont nombreuses à les modifier. Rien qu'en regardant autour du Pontet qui avait supprimé la gratuité pour passer à 1,58 minimum, il ne faut pas longtemps à trouver d'autres communes qui ne la pratiquent pas non plus. Ainsi à Morières-lès-Avignon, mairie socialiste, qui a toutefois un tarif minimal moins cher : 80 centimes. A Sorgues, mairie UMP, c'est tarif unitaire pour tout le monde : à 2,65 euros le repas. A Avignon en revanche, mairie socialiste depuis l'an dernier, il existe cette fois un tarif à zéro euro.
Le Front national n'a donc pas le monopole du coup de bâton sur les tarifs de cantine. Dans son cas, cette politique vise surtout à s'en prendre aux chômeurs, stigmatisés dans le discours frontiste. Marine Le Pen affirme haut et fort défendre les travailleurs pauvres, qui bénéficient pourtant aussi des structures et des dispositifs sociaux supprimés : les tarifs de cantine parfois et les centres sociaux, qui voient leurs moyens réduits, quand ils ne sont pas tout simplement fermés, comme à Fréjus.
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