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Le vrai du faux. Le monde a-t-il connu "ses sept jours les plus chauds depuis 100 000 ans", comme l'affirme Mathilde Panot ?

Alors que les records historiques de chaleur se succèdent, la cheffe de file des députés La France insoumise affirme que le monde a connu sa semaine la plus chaude depuis plus de 100 000 ans. Une affirmation très probablement vraie.
Article rédigé par franceinfo - Caroline Félix
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale, était l'invitée du "8h30 franceinfo", mercredi 19 juillet 2023 (Radio France)

Juillet 2023 est "en passe de devenir le mois de juillet le plus chaud jamais mesuré",  d'après l'observatoire européen Copernicus. Pour alerter sur le changement climatique, Mathilde Panot, la présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée, a donné un autre chiffre vertigineux mercredi 19 juillet dans le 8h30 de franceinfo : "Le monde a connu en juillet les sept jours les plus chauds sur les 100 000 dernières années".

Une déclaration moquée par des internautes sur Twitter : "Il y avait déjà des thermomètres il y a 100 000 ans ?" "Espèce de clown, comment peux-tu le savoir ? Les relevés ne datent que d’un siècle et demi".

Or, cette affirmation est très probablement correcte. Il n'existe pas de publication scientifique qui l'écrit "tel quel", puisque les faits datent de début juillet et il est trop tôt pour qu'une étude soit validée par le comité scientifique d'une revue par exemple. Mais plusieurs données laissent penser que c'est "très probable", affirme à franceinfo le physicien climatologue François-Marie Bréon.

La semaine la plus chaude depuis le début des relevés météorologiques

Début juillet, le monde a connu sa semaine la plus chaude, d'après les données préliminaires de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui compile chaque jour les températures relevées dans le monde. Il a par exemple fait 17,4° en moyenne le 7 juillet, un record. C'est donc la semaine la plus chaude depuis le début des relevés de l'OMM dans les années 50 et "depuis probablement  le climat de 1850-1900 où nous disposons de données d'observations", indique la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte.

Mais le thermomètre n'a pas toujours existé, et pour remonter dans le temps il faut se fier aussi à des estimations. Elles ne disent pas la météo quotidienne, mais prennent en compte des plages de plusieurs décennies. Le GIEC, le groupe des experts du climat, indique que notre décennie a été encore plus chaude que les plages les plus chaudes, il y a 6 500 ans.

Sur ce graphique, le GIEC indique que notre décennie a été encore plus chaude que les plages les plus chaudes, il y a 6 500 ans. (Capture d'écran GIEC)

Entre -10 000 et - 100 000 ans, la Terre a connu une ère glaciaire. Pour retrouver des températures aussi élevées qu'actuellement, il faut donc remonter avant, il y a plus de 100 000 ans.

Les calottes glaciaires, la mémoire du climat

Pour dessiner une image du climat avant les relevés météo, les scientifiques utilisent plusieurs méthodes. L'une d'entre elles consiste à analyser les cernes que l'on voit sur les troncs d'arbres. En fonction de leur épaisseur et de leur composition chimique, on peut lire les variations de températures. Par exemple les poutres du château de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et des arbres de la forêt d'à côté ont permis "la reconstitution des températures sur les 700 dernières années", explique cette publication du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.

Pour remonter encore plus loin dans le temps, les scientifiques étudient aussi les sédiments marins ou les calottes glaciaires, qui renferment des bulles d'air très profondes. Leur composition atmosphérique permet aussi d'estimer ce qu'était la météo sur des centaines de milliers d'années.

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