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Le vrai du faux. A-t-il vraiment fait "60 degrés en Espagne", comme l'affirme Sandrine Rousseau ?

La députée Europe écologie Les Verts Sandrine Rousseau affirmait vendredi 14 juillet sur Twitter : "Il fait 60 degrés en Espagne." Il s'agit en réalité de la température du sol, et non de l'air.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un passant porte une bouteille d'eau à Séville en Espagne le 16 juillet 2023. (CRISTINA QUICLER / AFP)

L'Europe du Sud suffoque depuis plusieurs jours, touchée par une vague de chaleur. C'est notamment le cas de l'Espagne. Selon la députée Europe Ecologie-Les Verts Sandrine Rousseau, le pays a atteint des températures particulièrement impressionnantes en ce mois de juillet.

>> Canicule : quelles sont les différences entre les températures sous abri, ressentie et au sol ?

Sur Twitter, elle écrit ainsi : "Il fait 60 degrés en Espagne. 60 degrés". Cette affirmation manque beaucoup de contextes, car en réalité, il ne s'agit pas de la température de l'air, mais de celle de la surface du sol, qui peut être supérieure de 15 à 20 degrés à celle de l'air.

Ces 60 degrés au sol ont été relevés le 11 juillet dernier dans la région d'Estrémadure en Espagne par l'un des satellites de Copernicus, un programme de l'Union européenne qui collecte des données sur l'état de la Terre.

Mais alors pourquoi relever la température de la surface du sol ? Toujours sur Twitter, la climatologue Valérie Masson-Delmotte explique que cet indicateur fait partie des 55 variables qui permettent de définir les caractéristiques d'un climat. Selon sa température, la surface de la Terre va émettre des rayonnements infrarouges différents, c'est ce qu'on appelle "la température de brillance du sol".

Grâce à leurs capteurs infrarouges, les satellites peuvent donc déterminer depuis l'espace la température de la surface de la planète. Ils peuvent ainsi cartographier en temps réel une vague de chaleur. La température au sol a donc un important intérêt scientifique, mais c'est bien la température de l'air que ressentent notamment les êtres humains.

Un record de température mondiale moyenne

Le 11 juillet dernier, la température de l'air en Espagne n'était donc pas de 60 degrés, mais elle était tout de même très élevée : jusqu'à 39 degrés en Estrémadure, et même 42 degrés en Andalousie. Sur son site Internet, le programme Copernicus précise que la semaine dernière, 13 des 17 régions espagnoles étaient en alerte rouge, orange ou jaune aux fortes chaleurs. Et cela continue : ce 17 juillet, certaines zones de l'Andalousie sont en alerte rouge canicule, et ce 18 juillet sera le cas de l'Aragon, la Catalogne et Majorque avec des températures jusqu'à 42 à 44 degrés. 

Au niveau mondial, on enregistre aussi des records de chaleur : 17,18 degrés en moyenne sur la planète la première semaine de juillet. D'après le programme Copernicus, c'est la semaine la plus chaude jamais enregistrée sur Terre.

Plusieurs raisons à cela : le dérèglement climatique dû aux activités humaines bien entendu, mais aussi ce phénomène qu'on appelle "El Nino", un réchauffement de la surface de l'océan Pacifique qui provoque une augmentation globale des températures. S'ajoute à cela l'éruption du volcan Hunga Tonga dans l'archipel des Tonga l'année dernière, qui rejeté de la vapeur d'eau dans l'atmosphère, intensifiant ainsi l'effet de serre. Les scientifiques estiment qu'avec ces trois phénomènes conjugués, cette année, la température sur Terre se réchauffe exceptionnellement vite.

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