Le vrai du faux. Est-ce qu'avec le passage de la retraite de 60 à 62 ans en 2010, "300 000 personnes de plus sont passées au RSA" ?
Le député La France insoumise Alexis Corbière affirme que le report de l'âge légal de départ de la retraite, qui est passé de 60 à 62 ans à partir de 2010, a fait gonfler les chiffres du RSA de 300 000 bénéficiaires. Une affirmation trompeuse.
Mercredi 29 mars sur le plateau de BFMTV, le député Alexis Corbière a fait un lien entre la précédente réforme des retraites et les chiffres du RSA. "Quelle est la conséquence du passage de 60 à 62 ans en 2010 quand M. Sarkozy et son gouvernement l'avaient fait ? Il y a eu 300 000 personnes de plus qui sont passées au RSA", affirme-t-il, pour minimiser l'intérêt économique d'une nouvelle réforme des retraites. Une affirmation partiellement fausse.
La #réformedesretraites impactera durement les Français, notamment les femmes. En 2010, le report de l'âge légal à 62 ans a vu 300 000 personnes passées au RSA. Des solutions existent pourtant pour pallier au déficit de 3%. #BFMBusiness pic.twitter.com/7UaRMKQHmY
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) March 29, 2023
Il y a bien eu une augmentation de 300.000 bénéficiaires du RSA entre 2011 et 2017, période de mise en œuvre progressive du report de l'âge de départ à la retraite. Mais c'est loin d'être entièrement lié à la réforme de Nicolas Sarkozy.
11.000 bénéficiaires du RSA en plus à cause de la mesure d'âge
Entre 2011 et 2017, le nombre de bénéficiaires du RSA (allocataires et conjoints) en métropole est passé de 1,6 million à 1,9 million. Ce qui correspond bien à une augmentation de 300 000 personnes. Dans son rapport publié fin 2016, intitulé "Invalidité et minima sociaux : quels effets du passage de la retraite de 60 à 62 ans ?", la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), indique que seule une petite partie s'explique directement par la réforme des retraites.
"Les estimations des sureffectifs pour les individus âgés de 60 et 61 ans permettent d’évaluer qu’au total le recul de l’âge minimum légal de départ à la retraite accroîtrait les effectifs d’allocataires du RSA socle d’environ 11 000 personnes fin 2016." Ces personnes de 60 et 61 ans, qui n'avaient plus de droit au chômage et pas encore de retraite, ont alors demandé le RSA.
L'augmentation globale des pensions s'explique plutôt par la conjoncture, d'après la Drees. "Il existe de forts effets liés à la conjoncture : par exemple, la hausse du nombre de bénéficiaires est significative entre 2010 et 2011, y compris à des âges qui ne sont pas directement concernés par le relèvement de l’âge minimal de départ à la retraite. Les effectifs de bénéficiaires du RSA varient en effet fortement selon la conjoncture économique, et notamment selon le taux de chômage de longue durée", explique l'étude.
Le report de l'âge de départ a eu un impact sur les autres minima sociaux
Si elle a eu relativement peu de conséquences sur les pensions du RSA, la réforme des retraites de 2010 a eu des effets plus importants sur les autres minimas sociaux. Puisqu'en restant plus longtemps au travail les personnes se fatiguent davantage. Toujours d'après le rapport de la Drees, 42 000 personnes supplémentaires ont demandé l'allocation adulte handicapé pour la seule année 2016. Les pensions d'invalidité aussi se sont multipliées.
Finalement, la réforme de 2010 a engendré un surcoût d'environ 800 millions d'euros par an en prestations sociales, d'après le ministère des Solidarités.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.