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Le vrai du faux. Le nombre de défaillances d'entreprises a-t-il "doublé en 2022" pour atteindre "4 000 par mois", comme l'affirme Nicolas Dupont-Aignan ?

Le député et président de Debout la France avance des chiffres corrects, même si le nombre de défaillances n'a pas doublé. Et ce n'est pas non plus un record. Explications.
Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président du parti Debout La France Nicolas Dupont-Aignan lors du premier tour de l'élection présidentielle française dans un bureau de vote à Yerres (Essonne), le 10 avril 2022. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Les entreprises en difficulté seraient très nombreuses à mettre la clef sous la porte, selon Nicolas Dupont-Aignan, député de Debout la France, invité de Sud Radio : "Record de défaillances d'entreprises en 2022, ça a doublé par rapport à 2021. J'ai calculé, c'est considérable, ça fait 4 000 par mois, plus de 100 par jour !", a-t-il indiqué sur l'antenne le 15 mai 2023, interrogé sur les mesures annoncées par Emmanuel Macron sur la réindustrialisation de la France.

Dans cette déclaration du président de Debout la France, il y a du vrai et du faux, et surtout ça manque de contexte. 

46 000 défaillances selon la Banque de France

Ce qui est vrai, ce sont les chiffres avancés par Nicolas Dupont-Aignan. Selon la Banque de France, il y a eu un peu plus de 46 000 défaillances d'entreprises au cours des 12 derniers mois. Cela fait en moyenne un peu moins de 4 000 par mois, comme il le dit.

En revanche, le nombre de défaillances n'a pas doublé, même s'il s'agit bien d'une forte hausse, de l'ordre de 50%. Mais précision importante : il ne s'agit pas uniquement d'entreprises dite classiques. Dans l'écrasante majorité des cas, ce sont des micro-entreprises qui ferment, c'est-à-dire des auto-entrepreneurs qui arrêtent leur activité. 

Ces 46 000 défaillances en un an, est-ce un record ? Non. Si on remonte aux débuts des années 90, marquées par la récession ou encore dans les années 2010, juste après la crise financière, il y avait à l'époque encore plus d'entreprises qui fermaient jusqu'à 60 000 défaillances par an. D'ailleurs, selon une note récente, la Banque de France estime que si le nombre de défaillances enregistrées l'an dernier est bien en forte hausse, il reste malgré tout inférieur à ce qu'on a connu durant les dix dernières années. 

Une forte hausse liée au Covid 

Comment on explique la forte hausse des défaillances l'an dernier ? C'est là que ça manque de contexte. Si ces défaillances ont augmenté l'an dernier, c'est parce qu'elles avaient beaucoup diminué en 2021 et 2020, deux années marquées par le covid et les aides financières. En clair : le "quoiqu'il en coûte" a permis, un temps, de soutenir des entreprises qui ont fini par mettre la clef sous la porte. La Banque de France parle même d'un rattrapage post pandémie alors que "les défaillances ont en effet fortement reculé à compter du début de la crise sanitaire".

C'est très marqué dans le secteur de la restauration, particulièrement touché par les restrictions sanitaires et dont les défaillances ont par la suite bondi de plus de 80% en un an. Cela représente un peu plus de 6 000 entreprises ou auto-entreprises qui ont cessé leur activité. 

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