Le vrai du faux. "Les clandestins voyagent gratuitement en Île-de-France" ?
C'est en tout cas ce qu'affirme Marine Le Pen. La présidente du Front national entend ainsi dénoncer une différence de traitement entre les immigrés et les "Français les plus modestes".
C'est un classique : les Français les plus modestes seraient moins bien traités que les immigrés sans-papiers. Ilustration avec cette phrase de Marine Le Pen, invitée du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro :
"Moi, je considère encore une fois que faire prendre en charge la gratuité des transports pour les clandestins en Île-de-France, alors même que les Français qui ont des salaires modestes, eux, se saignent pour pouvoir aller au travail en payant les transports, ça m'apparaît injuste."
Plus de tarif spécial pour les bénéficiaires de l'AME
Il n'y a pas, ou plutôt plus, de tarif particulier pour les sans-papiers en Île-de-France. En janvier dernier, l'une des premières délibérations adoptées de la majorité de la présidente Les Républicains, Valérie Pécresse, au Conseil régional a été de supprimer l'avantage tarifaire pour les bénéficiaires de l'Aide médicale d'Etat (AME). Une aide destinée aux personnes en situation irrégulière sur le territoire depuis au moins trois mois et dont les revenus sont inférieurs à 721 euros pour une personne seule.
Depuis l'entrée en vigueur de cette décision en mars dernier, les bénéficiaires de l'AME n'ont donc plus accès au forfait régional Solidarité Transport.
Marine Le Pen semble donc être passée à côté de cette décision régionale. Et pourtant, l'ensemble des 22 élus du Front national au Conseil régional d'Île-de-France ont voté pour cette mesure (page 217). Et pour cause, il s'agissait d'une ancienne revendication du parti au sein de l'exécutif francilien, y compris lorsque l'actuelle présidente du parti y siégeait entre 2004 et 2010.
Ce n'était pas la gratuité des transports
Quand bien même Marine Le Pen n'avait pas vu passer l'annonce de cette suppression, sa déclaration serait erronée. Car les immigrés sans-papiers, en tout cas les bénéficiaires de l'AME, ne bénéfficiaient pas de la gratuité des transports en Île-de-France. Grâce au forfait Solidarité Transport, ils pouvaient obtenir une réduction de 75% sur leurs déplacements. Et non la gratuité.
Par ailleurs, cette réduction était et est toujours valable pour les plus modestes avec des papiers bien en règle : bénéficiaire de la CMU-C et chômeur titulaire de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS). Par ailleurs, certains bénéficiaires du RSA et les chômeurs qui cumulent ASS et CMU-C peuvent obtenir la gratuité de leurs transports en Île-de-France.
Avant la suppression de la réduction de tarif sur les transports pour les étrangers, ces derniers représentaient 17% de l'ensemble des voyageurs franciliens inscrits au dispositif Solidarité Transport du Conseil régional. Il est donc exagéré de dire que les clandestins étaient mieux traités que les personnes les plus modestes.
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