Le vrai du faux. Non, aucun média n'a été mis en examen pour avoir financé la campagne d'Emmanuel Macron
Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Aujourd'hui, le partage massif d'une fausse information publiée sur un site parodique.
Depuis mardi 3 avril, plus de 10 000 personnes ont partagé sur Facebook un article au titre tapageur : "26 médias mis en examen pour avoir financé la campagne d'Emmanuel Macron". En guise d'illustration, une photo du chef de l'État devant les logos de ces médias (BFMTV, Le Point, Paris-Match, Libération ou encore L'Express).
C'est faux. L'article est issu du site Corse-Machin, version satirique/parodique du site Corse-Matin. Il a notamment été partagé - et depuis supprimé - par la page Facebook de Nathalie Germain, qui se présente comme secrétaire de communication numérique au Front National de l'Isère et dont la page compte plus de 230 000 abonnés. Cette page relaie donc une fausse information, et pour s'en rendre compte il suffisait d'aller vérifier la provenance de cet article. Ce qui n'empêche pas des commentaires de ce type : "Ces élections ont été truquées. Les affaires de magouilles ressortent maintenant, mais c'est trop tard ! Il faut le mettre hors course."
"Quand on est très attaché à une opinion, elle devient très identitaire"
Comment expliquer ces milliers de partages alors que l'article est clairement satirique ? Contactée par franceinfo, Nathalie Germain n'a pas répondu, mais il est très possible que, malgré l'évidence, beaucoup soient tombés dans le panneau en toute bonne foi comme l'explique Albert Moukheiber, docteur en neurosciences cognitives : "J'appelle ça un raisonneur motivé. C'est une personne qui va aller chercher les faits qui vont justifier ce qu'elle croit déjà. Par exemple, si je crois qu'Emmanuel Macron est une coqueluche des médias, quand j'ai un article qui vient dans mon flux et qui me dit : 'Voilà la preuve qu'Emmanuel Macron est la coqueluche des médias", je ne vais pas avoir de doute sur le sujet et je vais le partager. Souvent quand on est très attaché à une opinion, elle devient très identitaire et le fait de la voir rejeter risque de devoir nous pousser à remettre en cause une partie qui définit ce que nous sommes. Et donc entre nos croyances et des preuves qui viennent de l'extérieur, on préfère rejeter l'extérieur."
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