Le vrai du faux. Non, Coca et Nestlé ne sont pas sur le point de privatiser la plus grande réserve d'eau au monde
Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Lundi, des articles affirment que les multinationales Coca et Nestlé s'apprêtent à s'emparer de l'aquifère de Guarani en Amérique du Sud.
Coca et Nestlé partiraient à l'assaut de la deuxième plus grande réserve d'eau au monde, située au Brésil. Voilà, en tout cas, ce que nous annoncent plusieurs articles publiés ces derniers jours sur des blogs, comme anguillesousroche.com ou encore lesmoutonsenrages.fr (qui a reconnu son erreur depuis).
On nous explique que le gouvernement conservateur brésilien serait en train de négocier la privatisation de l'eau du bassin de Guarani, une énorme réserve d'eau partagée entre le Brésil, l'Uruguay l'Argentine et le Paraguay. Sa superficie est égale à la France, l'Espagne et le Portugal réunis. De quoi, selon ces articles, attiser les convoitises de Coca et de Nestlé. Brasilia aurait déjà même signé des concessions d'exploitation pour une période de 100 ans.
Sauf que c'est faux. D'abord, avant de faire son apparition en France ces derniers jours, cela fait au moins deux ans que l'on parle de cette histoire au Brésil. Au départ, un article a été publié sur la base d'un témoignage anonyme. Bref, méfiance sur la source. Ensuite, les deux entreprises ont publié des démentis officiels, repérés par le site 20 minutes, sur cette rumeur : "Nestlé n'a aucun intérêt à privatiser le retrait de l'eau de l'aquifère de Guarani. La société n'a ni négocié ni discuté avec le gouvernement brésilien sur ce sujet", assure le communiqué de Nestlé (lire le communiqué en portugais). Même son de cloche chez Coca (lire le communiqué en portugais). Ceci dit, faire un communiqué ne mange pas de pain. Alors continuons.
D'après cette histoire, le gouvernement brésilien aurait cédé l'exploitation de la deuxième plus grande réserve d'eau au monde. Ce serait d'ailleurs inscrit dans "une liste", décidée il y a deux ans, de "projets à privatiser". Sauf que, comme le note l'AFP, si cette liste existe bien, on n'y trouve aucune trace du bassin de Guarani.
Enfin, l'aquifère s'étend sur plusieurs pays. Or, en 2017, le Sénat brésilien a signé un accord avec ses voisins affirmant que la réserve transcende les frontières géographiques et que l'utilisation de son eau doit être faite sur des critères rationnels et durables. Certes, le texte n'a pas encore été promulgué, mais cela ne colle vraiment pas avec une privatisation centennale au profit Nestlé et de Coca.
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