Le vrai du faux. Non, des élèves d'une école maternelle d'Angers n'ont pas été forcés d'apprendre la comptine "Bismillah au nom d’Allah"
Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Aujourd'hui, l'histoire d'une comptine pour enfants enseignée dans une école maternelle.
"Maman ! Pourquoi on doit toujours dire Bismillah ? Parce que quand tu dis Bismillah, Dieu est avec toi, et met la Baraka dans tout ce que tu fais…" : cette comptine a servi ces derniers jours à monter de toute pièce une fausse information dans le but de tromper des sites d'extrême-droite et donc leurs lecteurs au passage.
Une énorme calomnie, sans aucun fondement
Le 12 avril dernier, les sites Ripostes Laïques et Le Salon beige publient le soi-disant témoignage d'un père ou d'une mère d'un enfant scolarisé dans une école maternelle d'Angers. D'après ces articles, l'enfant de cinq ans a été forcé d'apprendre cette comptine en classe. Le scandale guette : "De la propagande islamique à l'école maternelle laïque", titre alors Le Salon beige. S'ensuivent des dizaines de commentaires et autant de partages sur Facebook.
Sauf que cette histoire est une fiction. Samedi dernier, le journal Ouest France publie un premier démenti. Une enseignante de l'école maternelle en question y est citée, et dénonce des propos diffamatoires, expliquant que la comptine n'a jamais été enseignée dans l'établissement. Quand l'adjointe à la petite enfance à la mairie d'Angers, elle, évoque "une énorme calomnie, sans aucun fondement".
Mais alors d'où vient ce témoignage ? Deux jours après ce premier démenti, une certaine Caroline Crépu publie un long texte sur un blog qui dit ceci : "Voilà comment faire pour répandre assez facilement une rumeur parmi des sites d'extrême droite." S'ensuivent toutes les étapes suivie pour tromper la vigilance du Salon beige et Riposte Laïque, capture d'écran des échanges à l'appui. Et on se rend donc compte que les deux sites se sont contentés de prendre le témoignage sans aller plus loin, sans vérifier son authenticité. En réaction, Riposte Laïque annonce vouloir porter plainte.
Un nouvel exemple du "biais de confirmation"
Pourquoi avoir voulu diffuser une fausse information ? L'auteur du blog en question explique qu'il voulait montrer qu'il est "très facile de faire croire ce que l'on veut à cette communauté, cette bulle qui s'auto alimente", et faire comprendre que la vérification, le croisement des sources, ce n'est pas si mal. Deux principes qui valent d'ailleurs pour d'autres communautés que l'extrême droite... Alors, effectivement, il s’agit d’un nouvel exemple de ce que l'on appelle le "biais de confirmation", c'est à dire qu'on a tous tendance à ne pas spontanément douter d'une histoire qui confirme ce dont on est déjà persuadé. Le souci, c'est que sur Facebook, en attendant, le vrai nom d'une école à Angers reste associé à une fausse histoire de comptine pour enfants…
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