Le vrai du faux. Non, l'Europe n'a pas fermé les yeux sur le scandale de la mayonnaise à l'huile de moteur
Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Aujourd'hui, amnésie, scandale et mayonnaise.
Vous ne le savez peut-être pas, mais on nage en plein scandale sanitaire depuis quelques jours. En cause, un article du quotidien 20 minutes (citant Le Canard Enchaîné), publié le 14 mai et intitulé "De l’huile de moteur dans de la mayonnaise vendue en France". Il a été massivement partagé sur Twitter et Facebook.
Le journaliste raconte que 40 000 tonnes d'huile de tournesol ukrainienne coupée au lubrifiant pour moteur ont été distribuées en Europe et qu'une partie s'est retrouvée dans les rayons des supermarchés en France, notamment dans les pots de mayonnaise de la marque Lesieur. Dans l'article, on apprend aussi que des personnes en ont consommé car la Commission européenne affirme que ce n'est pas trop dangereux pour la santé. D'où des dizaines de commentaires scandalisés. L'eurodéputée FN Sylvie Goddyn s'est même fendue d'un communiqué de presse (supprimé depuis de son compte Facebook et du site du Front national) pour dénoncer l'inaction de la France et de la Commission européenne dans cette affaire.
Sauf que cette histoire de mayonnaise est un peu périmée. L'article de 20 minutes a été publié le 14 mai... 2008 ! En ce moment, il y a donc des dizaines de personnes qui se disent scandalisées sur les réseaux sociaux et qui partageant cette histoire vieille de 10 ans. Chez Lesieur, on avoue en avoir un peu marre de voir cette affaire refaire surface sur Facebook et Twitter quasiment tous les ans.
L'huile ukrainienne étroitement surveillée
Ceci dit, le scandale de la mayonnaise à l'huile de moteur a bien existé. Mais quelques précisions semblent nécessaires. Il n'y avait pas de l'huile de vidange mélangée à cette huile de tournesol ukrainienne, mais de l'huile minérale, c'est-à-dire issue du pétrole. Cette huile peut servir pour les moteurs, mais aussi dans les produits cosmétiques entre autres.
Ensuite, la Commission européenne n'est pas restée inactive sur le sujet depuis cette affaire. Bruxelles a imposé que tout lot d'huile de tournesol en provenance d'Ukraine devait être accompagné d'un certificat sanitaire et d'un rapport d'analyse censé prouver qu'il s'agit bien de tournesol. Elle a aussi exigé que, lorsque de l'huile ukrainienne arrive chez eux, les États européens fassent des prélèvements aléatoires et regardent si les échantillons ne contiennent pas de l'huile minérale au-dessus du niveau autorisé. Résultat du dernier pointage de la Répression des fraudes en France (DGCCRF) : six échantillons d'huile ukrainienne ont été analysés. Ils sont tous conformes.
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