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Le vrai du faux. Non, le pouvoir d'achat des Français n'est pas en baisse depuis plusieurs années

Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux
sociaux. Aujourd’hui, l'affirmation de la secrétaire confédérale de la CGT qui a déploré la "baisse du pouvoir d'achat depuis de nombreuses années".

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Pas de baisse continue du pouvoir d'achat ces dernières années, contrairement à ce qu'affirme Céline Verzeletti. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

"On peut beaucoup moins consommer, on peut moins vivre alors qu'on travaille tout autant, voire plus", a assuré Céline Verzeletti, la secrétaire confédérale à la CGT, invitée de Marc Fauvelle lundi 27 août. "Ce qu'on voit lorsque l'on veut consommer, c'est bien la baisse du pouvoir d'achat qu'on subit depuis de nombreuses années", a-t-elle ajouté.

Mais c'est faux. Le pouvoir d'achat des Français n'est pas en baisse. En tout cas, ce n'est pas ce que montrent les chiffres de l'Insee sur le pouvoir d'achat, qui correspond à ce que l'on peut consommer avec l'argent dont on dispose. Depuis la crise, le pouvoir d'achat global des Français a même légèrement augmenté en 2009, stagné jusqu'en 2011 puis baissé en 2012/2013, rebondi en 2015 et 2016, avant de se tasser un peu l'an dernier. Et pour 2018, l'Insee nous dit qu'il y a eu une baisse en début d'année, mais que ça devrait repartir d'ici la fin décembre. Si l'on se contente de l'indicateur global de l'Insee sur le pouvoir d'achat : pas de baisse continue ces dernières années, contrairement à ce qu'affirme Céline Verzeletti.

Le pouvoir d'achat "arbitrable", plus proche du ressenti des Français

Pourtant, c'est aussi le sentiment de beaucoup de Français. Il faut dire que cette notion de pouvoir d'achat masque beaucoup de choses. D'abord, c'est un indicateur global qui mélange les revenus des plus riches et des plus pauvres, le coût de la vie dans le Nord et sur la Côte d'Azur. Cela lisse les différences, les inégalités et on a fatalement du mal à s'y reconnaître individuellement.

Ensuite, dans ce pouvoir d'achat, il y a la hausse des tarifs régulés comme les transports, les timbres, les cigarettes. Mais il y a aussi et surtout l'augmentation de ce qu'on appelle les dépenses contraintes : le logement, l'énergie, etc. qui ont largement augmenté ces dernières années. D'où le sentiment d'avoir de moins en moins les moyens de consommer au final. Pour mieux coller au ressenti des Français, l'Insee publie donc un autre indicateur, dont on parle moins : le pouvoir d'achat arbitrable. C'est, pour faire simple, ce qu'il nous reste une fois qu'on a payé nos abonnements. Sauf que, là encore, il augmente, légèrement certes, mais sur les quatre dernières années.

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