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Le vrai du faux. Quand des politiques utilisent une vraie-fausse citation de Gandhi

Antoine Krempf passe au crible un fait repéré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ce mercredi, l'histoire d'une citation attribuée à Gandhi.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Nicolas Dupont-Aignan lors d'une conférence de presse le 28 mars 2019. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

C'est une citation qui peut être très pratique quand on est un peu en retard dans les sondages. Exemple avec Nicolas Dupont Aignan, président du parti Debout la France et tête de liste pour les élections européennes, invité d'Europe 1 ce mardi 26 mars. 

D'ailleurs, Nicolas Dupont Aignan n'est évidemment pas le seul à s'en servir dans le débat public. De José Bové à Anne Hidalgo en passant par Donald Trump, beaucoup de responsables politiques y ont recours. 

Une citation d'abord attribuée à un syndicaliste américain

Cette déclaration semble crédible car elle correspond à la définition de la stratégie politique de la non violence. Sauf que la première trace qu'on ait de cette phrase n'a pas de lien avec Gandhi. Elle remonte à 1918, dans une déclaration de Nicholas Klein, un syndicaliste américain. Voilà ce que disait ce dernier devant une assemblée des travailleurs américains du textile (page 54) "D'abord, ils vous ignorent. Ensuite, ils vous ridiculisent. Et puis ils vous attaquent et veulent vous brûler. Et enfin, ils vous contruisent des monuments. Et c'est ce qui va arriver aux travailleurs américains du vêtement."

Gandhi a bien écrit une phrase à peu près similaire

Il a fallu de la patience et l'aide précieuse d'un auditeur, mais franceinfo a finalement retrouvé une phrase de Gandhi à peu près similaire à celle utilisée aujourd'hui dans le débat public. 

On la retrouve dans Young India, un journal publié par Gandhi de 1919 à 1931. Dans le tirage du 9 mars 1921, voilà ce qu'il écrit à la page 74 :

La phrase utilisée notamment par Nicolas Dupont Aignan ne vient donc pas de nulle part. Mais lorsque l'on utilise une citation comme argument dans le débat public, l'auteur de la déclaration compte tout autant voire plus que son contenu.Citer Gandhi, c'est évidemment faire référence à la figure du Sage, l'autorité internationale de la non violence, mais aussi au petit qui finit par gagner face au grand. Mais autant le faire avec ses mots précis.

[Cette chronique a été modifiée le 4 avril 2019 avec l'ajout de la citation précise de Gandhi]

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