Le vrai ou faux. Les marges des raffineurs ont-elles été multipliées par quatre depuis quelques mois, comme l'affirme Manuel Bompard ?

Alors que les prix de l'essence continuent de flamber, Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, qui était invité de franceinfo jeudi 21 septembre, évoque les marges des raffineurs. L'Insoumis dénonce les profits records qu'enregistrent actuellement ces industriels qui transforment le pétrole brut en carburant. "Les marges des raffineurs ont été multipliées par quatre ces derniers mois. La marge était autour de 25 euros la tonne, aujourd'hui c'est autour de 100", affirme Manuel Bompard.

Cette affirmation est vraie, c'est même un peu plus que cela. Selon les chiffres de l'UFIP, l'Union française des industries pétrolières, en avril dernier, la marge des raffineurs était, comme le dit Manuel Bompard, d'un peu plus de 25 euros la tonne de carburant en moyenne. Le mois dernier, cette marge des raffineurs est passée à 122 euros par tonne en moyenne. Si l'on divise 122 par 25, on obtient une augmentation de près de cinq fois plus.

Pétrole brut ou pétrole raffiné : les prix ne sont pas fixés de la même façon…

La marge des raffineurs est la différence entre l'argent qu'ils ont dépensé pour acheter du pétrole brut et l'argent qu'ils gagnent en vendant aux stations-service le pétrole raffiné : gasoil, Sans plomb 95, etc. Or, le prix du pétrole brut n'est pas fixé de la même façon que celui du pétrole raffiné. C'est ce qu'explique Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage. Le prix du pétrole brut est fixé à longue échéance, au moins un an à l'avance selon Frédéric Plan, car les raffineries sont des industries lourdes, qui ont besoin d'être sûres d'être approvisionnées sur le long terme. Au contraire, le prix du pétrole raffiné est fixé au jour le jour. En ce moment, il monte en flèche, alors que les raffineries ont acheté leur pétrole brut il y a longtemps, au moment où il était moins cher. Résultat : leurs marges augmentent fortement.

Mais le phénomène inverse s'est aussi déjà produit. En 2020, les raffineurs avaient acheté leur pétrole brut en amont. Mais avec la crise sanitaire et le confinement, la demande d'essence a chuté drastiquement, tout comme son prix. Pendant cette période, les raffineurs ont donc fait une marge négative.