Les refuges de la SPA saturés : y a t-il plus d'abandons d'animaux que l'été dernier ?
Des publications sur les réseaux sociaux laissent entendre que les refuges de la SPA sont saturés. C'est vrai, alors qu'il y a pourtant un peu moins d'abandons d'animaux que l'été dernier. Précisions du président de la SPA et réponses aux questions sur l'adoption.
Chaque été, les refuges des associations de protection des animaux se trouvent confrontés à un afflux d'animaux retrouvés abandonnés. Y en a t-il plus que l'été dernier ? Les refuges sont-ils plus saturés ? Les réponses du président de la SPA Jacques Charles Fombonne
Les refuges sont-ils vraiment plus saturés cet été que l'an dernier?
"Les refuges de la SPA sont davantage saturés que l'année dernière avec une situation bizarre : on a un tout petit peu moins d'abandons que l'année dernière. Heureusement parce que l'année dernière c'était déjà une année record. Mais on a eu très peu d'adoptions au printemps, ce qui fait qu'on a commencé l'été avec des refuges qui étaient déjà quasiment pleins alors que d'habitude on a encore 2 000 ou 3 000 places avant le mois de juin".
Pourquoi cette baisse des adoptions au printemps dernier ?
"On essaie, en interrogeant les personnes qui viennent quand même adopter, de savoir ce qu'il en est. Je pense que c'est l'inflation. Les gens s'inquiètent sur leur pouvoir d'achat. C'est la guerre à nos frontières. C'est la crise sanitaire. Tout un tas d'éléments qui ne font que rajouter des causes d'angoisses et d'incertitudes et qui n'incitent pas à se faire plaisir et prendre un engagement de longue durée en prenant un animal."
On voit sur les réseaux sociaux en ce moment beaucoup d'images de chatons à adopter. Y a t-il une problématique particulière avec les chats ?
"Oui, il y a une vraie problématique spécifique avec les chatons. Il y a une raison simple : pendant la crise sanitaire, on a eu deux ans sans stérilisation de chats libres, ceux qui n'appartiennent à personne, qui sont dans les zones rurales et même à Paris il y en a quelques uns dans les grands parcs. Les gens nous les amènent parce que ce sont des portées qu'ils trouvent dans leur garage, dans leurs sous-sols, dans leurs jardins et ils ne savent qu'en faire. Sur les 12 000 animaux recueillis depuis le début de l'été, nous avons plus de 8 000 chats."
Certains pensent qu'ils ne risquent rien à abandonner un animal... Vrai ou faux ?
"Ils se trompent lourdement mais vraiment lourdement parce que c'est une infraction correctionnelle, c'est un délit qui vous emmène devant le tribunal correctionnel et vous risquez cinq ans d'emprisonnement et une amende qui peut aller jusqu'à 75 000 euros dans le cas où l'abandon est suivi de la mort de l'animal."
Est-ce vraiment compliqué d'élever un animal qui a été abandonné ?
"C'est plutôt faux. À la SPA, nous nous ne donnons à l'adoption que des animaux qui ont été soignés, identifiés, stérilisés et qui ont bénéficié d'un examen comportemental. Evidemment on ne donne pas d'animaux qui pourraient présenter un danger."
"Adopter un animal à la SPA, c'est gratuit" : vrai ou faux ?
"C'est à la fois vrai et faux. Nous faisons payer 250 euros pour un chien, 300 pour un chiot, 150 euros pour un chat. D'abord parce qu'on n'a aucune subvention, on ne vit que de la générosité du public. Cela coûte extrêmement cher : la stérilisation, l'identification, les soins, la taxe foncière de nos bâtiments, les frais vétérinaires, la nourriture qu'on achète pour nos animaux. Et puis surtout parce que ce qui est gratuit n'a pas de valeur, donc on demande une somme d'argent infiniment plus faible que ce que vous payeriez chez un éleveur mais symboliquement on paie, on s'engage, on casse sa tirelire on n'achète pas comme quelque chose qu'on vous donne gratuitement à la sortie du métro."
"On peut adopter de manière temporaire" : vrai ou faux ?
"C'est absolument vrai. J'y encourage tous ceux qui voudraient nous aider. Nous avons 8 800 animaux en ce moment dans nos refuges pour une capacité qui est environ de 6 500. Nous arrivons à survivre parce qu'il y a des gens qui nous prennent des animaux temporairement. On paie la nourriture, on paie les soins vétérinaires s'il y a besoin. Mais on peut nous prendre les animaux pour 8 jours, 15 jours, un mois et ça nous permet de passer cette période difficile qu'est l'été jusqu'au mois de septembre où on aura une reprise des adoptions et une diminution des abandons."
Attention, enfin, aux annonces qui proposent sur internet d'adopter des animaux. Il peut y avoir le risque d'alimenter des réseaux d'élevage clandestins dans des conditions qui ne sont pas contrôlées, des animaux vendus avant la fin de leur sevrage. Et parfois des arnaques concernant les certificats de vaccination des animaux. Avec des numéros à rappeler qui sont des numéros prépayés et qui ne répondent plus une fois la vente conclue.
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