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Michèle Alliot-Marie dit-elle vrai sur les budgets de la défense ?

Invitée de France Info vendredi matin, l'ancienne ministre de la Défense (2002-2007) affirme que la réduction du budget de la défense dans les années 80-90 s'explique par la mise en place d'une armée de métier. Le service militaire coûtait cher à l'armée : vrai ou faux ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Faux.

Déjà parce
que la solde, quasi symbolique, versée aux conscrits représentait une part très
faible du budget de la Défense. Au moment de la suppression du service
militaire, cet argument économique n'a d'ailleurs jamais été avancé.
Concernant
les infrastructures : certes, il fallait plus de casernes pour accueillir une
armée de conscrits qu'une armée de métier, plus resserrée. Mais ces casernes
"superflues" si l'on peut dire, n'ont été fermées qu'à partir de 2008,
soit dix ans après la suppression de la conscription.

"Au
sommet de l'effort de défense
(années De
Gaulle, ndlr), on était quasiment à 6 % du PIB (produit intérieur
brut). Il a été divisé par deux une première fois entre le début des années
60 et la fin de la Guerre froide, et à nouveau divisé par deux entre le début
des années 90 et aujourd'hui",
explique Etienne de Durand, directeur
du Centre des études de sécurité à l'IFRI (Institut français des relations
internationales
). Aucun lien donc, entre l'abandon de la conscription, à la fin
des années 90, et les coupes claires dans les budgets de la défense.

"Il n'y a plus de gras, on est à l'os" (Etienne de Durand)

Un budget
qui ne pèse plus aujourd'hui que 1,5 % du PIB.

C'est la Grande muette qui a consenti, dans le silence, les plus gros efforts
de modernisation et de rationalisation de ses moyens au cours des 20 dernières
années. Michèle Alliot-Marie le souligne et c'est vrai.

Mais les
nouvelles coupes envisagées par le gouvernement pourraient cette fois mettre en
péril notre stratégie de défense, car "il n'y a plus de gras, on est à
l'os",
prévient Etienne de Durand
.

"En termes de budget et d'effectifs, l'armée de l'air correspond à la
taille de la RATP. Et si vous ajoutez à la RATP la Mairie de Paris, vous avez
l'armée de terre. On a l'impression que tout va bien parce qu'on est capable de
faire le Mali avec brio. Mais avec les coupes que l'on prépare, nous ne serons
plus capables de faire le Mali, ni même d'intervenir, pas plus que d'intervenir
en cas de catastrophe naturelle majeure sur le sol français",
s'alarme
le chercheur.

"Si
les effectifs et les moyens des armées baissent significativement, on va perdre
des choses dans trois ans, puis des choses dans cinq ans. Et dans dix ans, on
sera arrivé là où est à peu près toute l'Europe : dans un cul-de-sac",
ajoute Etienne de Durand.

Sans compter que des coupes importantes dans les budgets d'équipements auraient
un impact immédiat sur l'industrie de l'armement, et donc, sur l'emploi.

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