Non, le taux d'incarcération en France n'est pas "beaucoup plus élevé que la moyenne européenne"
Pour justifier la fermeté de la justice française, la garde des Sceaux affirme que le nombre de personnes envoyées en prison est plus important que la moyenne européenne.
À chaque fait-divers ou presque, c'est un argument qu'on entend. La justice française serait laxiste. Invitée sur Europe 1, la garde des Sceaux a répondu que c'était faux. "S'il y avait laxisme, il n'y aurait pas autant de détenus. Et encore, le nombre de détenus n'est qu'une indication parmi d'autres, a expliqué Nicole Belloubet, ajoutant qu'il y avait en France "un taux d'incarcération beaucoup plus élevé que dans beaucoup d'autres pays et beaucoup plus élevée que la moyenne européenne". "On voit donc bien que la justice française n'est pas une justice laxiste", a-t-elle conclu.
Un classement dominé par les pays de l'Est de l'Europe
Utilise-t-on, en France, la prison plus qu'ailleurs ? Des pays comme la Finlande, les Pays-Bas ou la Suède ont effectivement des taux d'incarcération très faibles. En revanche, la France n'est pas largement au-dessus de la moyenne européenne. Notre pays se situe dans la moyenne, voire légèrement en-dessous, d'après le Conseil de l'Europe.
En France, il y a 103,5 détenus pour 100 000 habitants, c'est ce qu'on appelle le taux d'incarcération. En prenant en considération une vingtaine d'autres pays de l'Union européenne, on arrive à une moyenne d'un peu plus de 113 détenus pour 100 000 habitants. Ce n'est donc pas en France qu'on enferme le plus puisqu'une dizaine d'autres pays européens sont au-dessus. Le haut du classement est occupé par les pays de l'Est. On compte par exemple 235 détenus pour 100 000 habitants en Lituanie.
La France, championne de la détention provisoire
Peut-on dire qu'il y a malgré tout beaucoup de condamnations à de la prison ferme en France ? Oui, mais les indicateurs utilisés par Nicole Belloubet sont un peu compliqués à manier. Ce que ne dit pas la ministre, c'est que ce taux d'incarcération inclut les personnes condamnées, mais aussi les prévenus, qui sont en détention provisoire et qui n'ont pas encore été jugés. C'est d'ailleurs une spécialité française : près d'un tiers des détenus dans nos prisons attendent leur jugement.
La France est l'un des pays européens à avoir le plus recours à cette détention provisoire. Cela montre une forme de fermeté de la justice française. Par ailleurs, cela explique en grande partie la surpopulation carcérale endémique en France, avec plus de 116 détenus pour 100 places de prison. Sur ce point, notre pays se situe tout en haut du classement européen, juste derrière la Roumanie.
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