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Non, l’ONU ne préconise pas “l’immigration de remplacement” pour faire face à la “faiblesse démographique de la France”

D’après Guillaume Larrivé, député Les Républicains en lice pour la présidence de son parti, l’ONU appelle la France à avoir recours à une immigration de remplacement. Sauf que le député a repêché un texte vieux d’une vingtaine d’années qui ne préconise rien du tout.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf - Manon Mella
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Guillaume Larrivé, député LR en lice pour la présidence des Républicains (le 11 juillet 2017) (BERTRAND GUAY / AFP)

Mardi 27 août sur Europe 1, le député LR Guillaume Larrivé a déclaré : “J’ai lu une étude de l’ONU qui envisage, face à la faiblesse démographique de la France, un scénario qu’elle appelle l’immigration de remplacement”. C’est faux et on vous explique pourquoi.

Un rapport qui ne fait pas de “recommandations aux gouvernements”

Dans son rapport publié en mars 2000, la Division de la population des Nations Unies ne préconise absolument rien. Elle pose simplement la question de savoir si les migrations peuvent constituer la solution unique au déclin et au vieillissement dans huit pays et deux “régions”, dont la France et l’Union européenne.

Pour répondre à cette question, elle calcule de façon strictement mathématique la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter ce phénomène.Le rôle de la Division de la population des Nations Unies est d’étudier la dynamique des populations dans le monde. 

Interrogé par Libération le 22 mars 2000, le directeur de la Division de la population Joseph Chamie a précisé : “Nous ne faisons pas de recommandations spécifiques aux gouvernements. Nous voulons les préparer à la situation pour qu’ils fassent les ajustements nécessaires. Et cela passe forcément par un réexamen des systèmes actuels de retraite”. L’immigration n’est donc pas le seul levier possible pour répondre au défi du déclin de la population.

Un rapport basé sur des projections datées

Les auteurs de l’étude ont utilisé les données démographiques disponibles en 1995 afin de réaliser des projections sur 2050 pour faire un constat : tous les pays étudiés vont voir leur population baisser et vieillir en raison d’un faible taux de natalité.

Entre 1995 et 2050, l’Italie pourrait perdre 16 millions d’habitants, la Russie 26 millions et le Japon 22 millions. Quant à l’âge moyen de la population, il devrait augmenter de huit ans au Japon et de 12 ans en Italie.

Un rapport qui ne retient que l'immigration

Dans ce rapport, les auteurs imaginent les besoins en main-d’oeuvre extérieure d’ici 2050 dans le cas où les Etats ne jouent que sur le levier de l’immigration pour faire face au déclin et au vieillissement de leur population.

Et les résultats sont plutôt impressionnants. Pour l’Union européenne, il faudrait 673,9 millions de migrants pour conserver le rapport entre actifs (15 à 64 ans) et inactifs. Pour la France, il faudrait 93 millions d’immigrés supplémentaires d’ici 2050.

Mais, comme le précise les auteurs, ce sont des scénarios théoriques car l’immigration n’est pas la seule option. Pour faire face au défi démographique, "d’autres questions critiques sont à prendre en compte", comme "un âge approprié de départ à la retraite" ou encore "les cotisations des employeurs et des travailleurs".

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