Vrai ou faux
Éducation sexuelle : le nouveau programme national prévoit-il de "parler de sexe à des enfants sans leur consentement" ?

Le Syndicat de la famille, anciennement connu sous le nom de "La Manif pour tous", a lancé une pétition contre ce projet en cours d'élaboration. Sa présidente dénonce un "lavage de cerveau idéologique dès l'âge de trois ans".
Article rédigé par franceinfo, Valentine Joubin
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
À partir du CP et jusqu'à l'entrée en 6e, l'accent est mis sur la construction des relations humaines, les différents modèles de famille, ou encore le respect et l'estime de soi. (Photo d'illustration). (FRANK PERRY / AFP)

Avant même d'avoir été présenté, il fait déjà polémique. Le nouveau programme d'éducation à la sexualité sur lequel le ministère de l'Éducation nationale travaille depuis plus d'un an et demi fait l'objet d'une campagne de dénigrement de la part d'associations conservatrices, très actives sur Facebook et X.

Le Syndicat de la famille, anciennement connu sous le nom de "La Manif pour tous", a lancé une pétition contre ce projet. Sa présidente, Ludovine de La Rochère, a dénoncé, dimanche 24 novembre, sur CNews un "lavage de cerveau idéologique dès l'âge de 3 ans". "Que des adultes viennent parler de sexe à des enfants et sans leur consentement. Cela pose problème".

Les relations sexuelles évoquées à partir de la 4e

franceinfo a pu consulter ce projet de programme, dont le ministère précise qu'il doit encore être remanié, et il est très éloigné, dans sa philosophie comme dans sa mise pratique, des accusations portées par Ludovine de La Rochère.

En maternelle et en primaire, il est question d'éducation à la vie affective et relationnelle. Le terme sexualité n'y est ajouté que pour le collège et le lycée. Les relations sexuelles à proprement parler ne sont évoquées qu'à partir de la classe de 4e. À ce niveau, les élèves sont des adolescents.
Le ministère de l'Éducation nationale insiste : cet apprentissage sera très progressif.

Visiblement conscient des levées de boucliers potentiels, le document liste des principes que le personnel enseignant devra avoir en tête : neutralité, prudence, refus de tout dogmatisme. Les séances devront être pensées en lien avec les autres disciplines "ainsi qu’avec l’enseignement moral et civique (EMC) et avec l’éducation aux médias et à l’information (EMI)", détaille le projet. Et il ajoute : "Les parents d'élèves seront informés.

Estime de soi, consentement, harcèlement

Dans un premier temps, entre trois et six ans, les enfants vont, par exemple, apprendre à nommer les différentes parties de leur corps, à identifier leurs émotions et celles des autres, à exprimer leurs goûts en déconstruisant les stéréotypes de genre. 

À partir du CP et jusqu'à l'entrée en 6e, l'accent est mis sur la construction des relations humaines, les différents modèles de famille, le respect et l'estime de soi. Comment dire non ? Qu'est-ce qu'une situation de violence ou de harcèlement ? Le programme suggère d'introduire la notion de consentement à partir de la classe de CM2.

Enfin, au collège et au lycée, l'objectif est d'aider les adolescents à prendre soin de leur corps, à s'accepter, à définir leurs préférences, mais aussi à respecter leurs droits et ceux des autres. Sans oublier l'ambition de les sensibiliser à l'intimité à l'ère des réseaux sociaux.

Trois séances par an 

Dans son projet, le ministère suggère de mettre en place des jeux, des discussions, en s'appuyant sur des œuvres littéraires, des films ou encore des témoignages. Le seul cadre imposé aux établissements est le volume de ces séances : trois heures par an minimum, tel que le prévoit la loi du 4 juillet 2001.

Ce projet de programme, initié par le prédécesseur d'Anne Genetet, Pap Ndiaye, est d'ailleurs né du constat que cette obligation de délivrer une éducation sexuelle "dans les écoles, les collèges et les lycées" n'est pas assurée.

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