:
Vrai ou faux
État des routes : la France est-elle passée de la première à la 18e place mondiale ?
C'est une fissure de 50 à 80 cm de profondeur, qui traverse l'A13. L'autoroute francilienne est fermée à la circulation depuis vendredi et au moins jusqu'à ce lundi 22 avril inclus, entre Paris et Vaucresson (Hauts-de-Seine). Avec des fissures, des nids de poule ou des routes déformées, les chaussées françaises ne cessent de se dégrader, selon François Durovray, président du conseil départemental de l'Essonne et président de la commission mobilisée à l'Assemblée des départements de France. "La France a un réseau routier remarquable d'un million de kilomètres et qui était reconnu pour sa qualité, on était sur la première place, mais en quelques années nous sommes descendus à la 18e place", a-t-il affirmé sur RMC. Vrai ou faux ?
Près de 20% des routes nationales et 10% des routes départementales en "mauvais état"
C'est vrai. Il s'agit des résultats d'un classement réalisé par le Forum économique mondial, connu pour organiser les rencontres de Davos. En 2012, la France était encore numéro 1 en ce qui concerne "la qualité des infrastructures routières", avant de rétrograder progressivement. En 2019, elle se classait à la 18e place. Loin derrière Singapour, les Pays-Bas et la Suisse, qui constituaient le podium. Pour réaliser ce classement, chaque pays est noté en fonction de la qualité de ses routes. Cette note est donnée par le Forum économique mondial à partir des observations que les habitants font eux-mêmes. Cela reste donc relativement subjectif.
Une dégradation de la qualité des routes en France a bien été constatée, à partir des années 2010. D'après le dernier rapport de l'Observatoire national de la route, en 2023, 18,8% des routes nationales et environ 10% des routes départementales et communales sont actuellement considérées en "mauvais état" en France. La qualité est assez variable en fonction des départements. Globalement, les autoroutes sont en meilleur état que le reste du réseau.
Un "sous-investissement" dans le réseau routier
Comment expliquer une telle dégradation ? Il y a eu un "sous-investissement" entre 2007 et 2017, comme le note un audit réalisé en 2018 et publié par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Sur dix ans, la France a investi environ 50 000 euros par kilomètre et par an à son réseau routier, contre, par exemple, 80 000 euros au Royaume-Uni. Des montants "insuffisants pour enrayer une dégradation de l'ensemble du réseau", insistent les auteurs de l'audit. Dans un rapport publié en 2022, la Cour des comptes pointe par ailleurs un "suivi insuffisant". Les effectifs du réseau scientifique et technique de l'État ont été divisés par deux.
Les départements, qui sont en charge d'une grande partie des travaux, dénoncent un manque de moyens venant de l'État. D'autant que, dans le même temps, le coût des travaux a aussi augmenté, notamment le prix du bitume, produit à partir de pétrole.
La qualité des routes se stabilise ces dernières années
Cela dit, depuis 2018, les collectivités locales ont recommencé à investir dans les routes. Les investissements sont repartis à la hausse, comme le note la Cour des comptes."L'état des routes a cessé de se dégrader ces dernières années, la qualité est stable sur des milliers de kilomètres et le nombre de routes en mauvais état baisse", explique à franceinfo Pierre Dumas, chargé de l'Observatoire national de la route. La plupart des investissements concernent des travaux d'entretien. Les collectivités savent qu'entretenir régulièrement coûte moins cher qu'attendre une rénovation complète de la chaussée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.