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Vrai ou faux
La mairie de Grenoble a-t-elle publié une affiche pour "expliquer comment vivre à proximité d’un point de deal ? "
"À Grenoble tu payes une taxe foncière pour qu'on t'explique comment vivre avec un point de deal !", ironise un internaute sur X (ex-Twitter). "De l’argent public pour nous inviter à vivre à côté d’un point de deal", "Eric Piolle n’en rate pas une", "c’est un tutoriel, une promotion de la drogue", s’insurgent d’autres. Les réactions se multiplient sur les réseaux, mettant en cause la ville de Grenoble.
À l’origine de la polémique : une affiche pour un événement prévu mardi 9 janvier, partagée par de nombreux internautes. On y voit des enfants qui jouent, et des parents qui se promènent. Une affiche assez banale en soi. C’est le sous-titre qui suscite la polémique, écrit sur un bandeau noir : "Comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal ?" Le syndicat des officiers et commissaires de police lui-même dénonce une affiche "lunaire" pour un "spectacle pédagogique" sur le fléau de la drogue. Cette affiche existe-t-elle vraiment ? Est-ce un "tutoriel" pour "expliquer comment vivre près d’un point de deal" ? Franceinfo fait le point.
Une affiche qui existe mais la mairie de Grenoble a ajouté le sous-titre
Cette affiche existe. Elle est visible sur le site du magazine de la ville de Grenoble. Il s’agit d’une affiche pour un spectacle musical, accessible dès 11 ans, prévu mardi 9 janvier à la Maison des Habitant-es Chorier Berriat et suivi d’un débat avec les habitants. Cette pièce, intitulée "Les copains d’en bas, chronique d’un quotidien dans la cité Magnolia" a été créée il y a six ans, en 2018, par la compagnie Artiflette. Depuis, elle a tourné dans toute la France, avec plus de 80 dates, dont deux déjà à Grenoble, précise la compagnie auprès de franceinfo. Mais la pièce n’a jamais été présentée avec ce sous-titre : "comment vivre à proximité d’un point de deal ? ". La mairie de Grenoble, organisateur de l’événement, l’a ajouté sur l’affiche. Nous avons vu l’affiche d’origine : cette inscription, qui fait polémique, n’y figurait pas. "Ça a été validé par la compagnie mais dans un délai imparti très court", indique Ignace, l’un des comédiens.
Un "témoignage" sur une "réalité complexe" et non pas un "tutoriel"
La pièce n’est pas un "spectacle pédagogique" pour "apprendre à vivre près d’un point de deal", comme l’assurent certains internautes et comme pourrait le laisser penser le sous-titre. Ce conte musical est inspiré du parcours des deux comédiens : il raconte l’histoire d’un couple qui s’installe dans une cité HLM pour "expérimenter la mixité sociale". Le couple fait de nombreuses rencontres, enrichissantes, mais découvre aussi la violence de ce quartier. Des trafiquants, notamment, s’installent dans leur cage d’escalier. "C’est le témoignage d’un quotidien" et d’une "réalité complexe", explique Ignace, l’un des comédiens. Le titre "Les copains d’en bas" est d’ailleurs à double sens : il fait référence aux dealers qui se sont installés dans l’immeuble, qui provoquent des "tensions", mais qui sont aussi à l’origine de "magnifiques moments de solidarité", insiste l’artiste.
Une "polémique alimentée par plusieurs comptes réactionnaires sur les réseaux sociaux", dénonce la ville de Grenoble
Le spectacle ne parle pas uniquement de la drogue et donne encore moins des conseils pour apprendre à vivre avec. Pour la compagnie Artiflette, ce sous-titre est une "maladresse" de la ville. La mairie de Grenoble, contactée par franceinfo, parle elle d’une "mauvaise interprétation". Elle précise que la pièce est organisée avec le soutien de l’État via la Mildeca, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. L’objectif selon elle est de "libérer la parole sur l’impact négatif du trafic de drogue", à l’occasion de ce genre de spectacle. La ville dénonce une "polémique alimentée par plusieurs comptes réactionnaires sur les réseaux sociaux".
À cause de la vive polémique sur les réseaux sociaux, la compagnie Artiflette demandait mardi 9 janvier au soir le report du spectacle car "à ce stade, jouer [leur] semblerait contre-productif par rapport au projet initial et à notre désir de créer un dialogue serein dans le quartier".
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