Vrai ou faux
Plus de 12 000 sans-abri ont-ils été évacués d'Île-de-France pour les JO sans, pour la plupart, être relogés, comme le dit Danièle Obono ?

La députée Danièle Obono, députée LFI de Paris, affirme que plus de 12 000 personnes ont été "expulsées de leurs abris" en Île-de-France avant les Jeux olympiques de Paris, et que pour la plupart elles n'ont pas été relogées. Cette affirmation est vraie.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La tente d'une personne sans-abris dans le quartier du Marais à Paris le 24 juillet 2024 (ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS)

Un peu moins d'une semaine après la fin des Jeux olympiques de Paris 2024, de nombreuses associations continuent de dénoncer un nettoyage social de la capitale avant l'événement, avec notamment des personnes sans-abri évacuées en bus vers d'autres régions. Selon la députée La France Insoumise Danièle Obono, après avoir été évacuées de Paris, la majorité de ces personnes n'ont toujours pas de logement pérenne. "Plus de 12 000 personnes en un an ont été expulsées de leurs abris et campements précaires", affirme-t-elle, mardi 13 août sur franceinfo, précisant que "pour l'essentiel, elles n'ont pas été relogées."

Le chiffre avancé par la députée est vrai. C'est ce que rapporte le collectif Le revers de la médaille, composé de 104 associations, ONG et syndicats qui s'intéressent aux conséquences sociales des Jeux olympiques de Paris. Ce collectif parle de 12 545 personnes évacuées d'Île-de-France entre mars 2023 et juin 2024, et même 14 000 personnes entre mars 2023 et juillet 2024. Le revers de la médaille est le seul à avoir fait ce travail de recensement exhaustif. Pour produire ses rapports, il s'appuie sur des recensements d'expulsions par les bénévoles sur le terrain, des entretiens avec des personnes évacuées et l'analyse de documents officiels comme des arrêtés d'expulsion.

Plus de 5 000 sans-abri envoyés dans des sas régionaux

Le collectif, comme la préfecture d'Île-de-France, recense 5 600 personnes envoyées vers des "sas régionaux", c'est-à-dire des lieux d'hébergement dans d'autres régions que l'Île-de-France, notamment à Orléans, Belfort ou Toulouse, comme le rapportent nos confrères de France Bleu. La préfecture parle de mise à l'abri et non d'évacuation, et explique qu'il faut que chaque région (et non l'Île-de-France seule) prenne sa part dans l'accueil de ces personnes.

Parmi les 14 000 personnes évacuées d'Île-de-France, la majorité n'a effectivement pas été relogée, toujours selon Le revers de la médaille. Les sas régionaux vers lesquels ont été envoyées les 5 600 personnes n'étaient, comme leur nom l'indique, que des hébergements temporaires. Au bout de trois semaines, 40% d'entre eux, qui n'ont pas de titre de séjour, ont été orientés vers une procédure de demande d'asile. Les 60% qui possèdent un titre de séjour ont dû se tourner vers des services d'urgence comme le 115, régulièrement saturés et potentiellement, retourner à la rue. Parmi eux, près de 15% finissent par retourner en région parisienne, selon le collectif.

Quelque 216 sans-abri hébergés de façon pérenne

D'autres sans-abri sont restés en Île-de-France, notamment car ils refusaient d'être transférés dans les sas régionaux. Parmi eux, 1 300 ont été envoyés dans des zones tampons franciliennes. Là aussi, il s'agit d'un hébergement temporaire, pour une durée de 30 jours, avant de probablement retourner à la rue selon Le revers de la médaille. Environ 800 mineurs étrangers sont aussi hébergés dans des gymnases qui devront être évacués au moment de la rentrée. Enfin, quelques sans-abri ont bien bénéficié d'une solution d'hébergement pérenne : 216 sans domicile fixe âgés, qui sont à la rue depuis de nombreuses années et qui vivaient sur les sites de compétition ou à proximité. Une goutte d'eau, selon les associations.

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