Vrai ou faux
Y-a-t-il "un refus d'obtempérer toutes les vingt minutes" en France et mettent-ils "pour la plupart" en danger autrui, comme l'affirme Julien Odoul ?

Après la mort du jeune Wanys âgé de 18 ans à Aubervilliers, tué lors d'une collision avec une voiture de police, le porte-parole du Rassemblement national Julien Odoul affirme qu'il y a "un refus d'obtempérer  toutes les vingt minutes en France" et que, dans "la plupart" des cas, il y a "mise en danger" d'autrui. Il y a du vrai et du faux.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le porte-parole et député RN de l'Yonne, Julien Odoul, dimanche 7 janvier 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une marche "silencieuse" est prévue jeudi 21 mars au soir à La Courneuve, pour rendre hommage à Wanys. Ce jeune homme de 18 ans, originaire de la commune, est mort mercredi 13 mars, à Aubervilliers, tué lors d'une collision avec une voiture de police, après un refus de contrôle. "Vous avez un refus d'obtempérer toutes les vingt minutes, toutes les vingt minutes vous avez des délinquants qui se soustraient à l'autorité de l'État et qui, pour la plupart d'entre eux, veulent tuer du flic, parce qu'un refus d'obtempérer, c'est une mise en danger", a dénoncé Julien Odoul sur franceinfo. Vrai ou faux ?

Un refus d'obtempérer toutes les vingt minutes

C'est vrai qu'il y a un refus d'obtempérer toutes les vingt minutes, mais c'est faux de dire que la plupart d'entre eux mettent en danger autrui, que ce soit un policier, un gendarme ou un passant. Le refus d'obtempérer est une infraction inscrite dans le Code de la route, comme le fait "pour tout conducteur d’omettre d’obtempérer à une sommation de s’arrêter émanant d’un fonctionnaire ou agent chargé de constater les infractions et muni des insignes extérieurs et apparents de sa qualité".

D'après les dernières données de l'Observatoire national de la sécurité routière, sur l'année 2022, il y a eu plus de 30 000 refus d'obtempérer en France. Cela revient bien à un refus d'obtempérer toutes les vingt minutes. Dans le détail, on recense 25 641 "refus d'obtempérer à une sommation de s'arrêter", 4714 refus d'obtempérer "dans des circonstances exposant autrui à un risque de mort ou de blessures", 191 refus d'obtempérer "exposant directement un agent à un risque de mort ou d'infirmité permanente" et 106 récidives de refus d'obtempérer.

Un refus d'obtempérer avec mise en danger d'autrui toutes les deux heures

Différents degrés de gravité sont donc recensés. En additionnant les refus "exposant autrui à un risque de mort ou de blessures" et les refus "exposant directement un agent à un risque de mort ou d'infirmité permanente", il y a eu environ 4 900 refus d'obtempérer mettant en danger autrui, soit un toutes les deux heures.

On constate une augmentation des refus d'obtempérer en France. Une hausse de 39% entre 2012 et 2022, selon les données de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr), et même de 87% pour les refus les plus graves. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Deux variables d'abord : la hausse de la population française et donc du nombre de conducteurs, mais aussi la hausse des contrôles, qui augmente mathématiquement le nombre de refus d'obtempérer. Il n'y a pas de données globales sur les contrôles routiers mais les contrôles pour stupéfiants sont par exemple passés de 67 625 en 2010 à 453 751 en 2021.

L'instauration du permis à points, en 1993, a aussi joué. Les automobilistes craignent de perdre leur permis, et sont prêts pour certains à prendre des risques pour l'éviter. D'autres conducteurs roulent sans permis ou sans assurance. En 2019, l'Onisr estimait que 770 000 automobilistes roulaient sans permis. Des conducteurs qui veulent éviter à tout prix un contrôle.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.