Y a-t-il "toujours un hôpital à quelques kilomètres" pour prendre en charge les urgences en France, comme l'affirme Frédéric Valletoux ?

Alors que les hôpitaux sont mobilisés en Île-de-France pour les JO, le ministre démissionnaire de la Santé Frédéric Valletoux affirme qu'en France, "il y a toujours un hôpital qui est à quelques kilomètres et qui prend en charge ou vers lequel sont orientées les urgences de nuit." Formulées ainsi, cette affirmation est fausse.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'accueil des urgences du centre hospitalier de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales le 17 juillet 2024 (ARNAUD LE VU / HANS LUCAS)

Pendant les JO, les hôpitaux eux aussi sont mobilisés autour de Paris, près de 1 300 lits supplémentaires ont été ouverts en Île-de-France et une clinique éphémère a été installée sur le village olympique. Dans le même temps et comme tous les étés, de nombreux services d'urgence ferment totalement ou partiellement : c'est le cas en Vendée, en Nouvelle-Calédonie, à Caen ces derniers jours. 
Pourtant selon Frédéric Valletoux, ministre délégué démissionnaire chargé de la Santé : "Il n'y a jamais de territoires qui sont abandonnés, il y a toujours des solutions, avec un hôpital qui est à quelques kilomètres et qui prend en charge ou vers lequel sont orientées les urgences de nuit."

Formulé ainsi, cette affirmation est fausse. En France, de nombreuses communes sont en effet situées loin d'un service d'urgence. C'est ce que nous apprennent les chiffres de la DREES, la Direction des statistiques du ministère de la Santé. Sur près de 35 0000 communes, près de 8 700 se trouvent à 30 minutes en voiture ou plus d'un service d'urgence soit un quart d'entre elles. Ces chiffres datent de 2019, il n'y en a pas de plus récents.

La situation a empiré depuis 2019

Mais depuis 2019, la situation des urgences a empiré, selon Michèle Leflon, présidente de la Coordination Nationale de défense des petites maternités et hôpitaux. Pendant la crise sanitaire, les soignants ont espéré qu'on leur accorderait plus de moyens. Fatigués et déçus après la crise, beaucoup sont partis. Il y a bien eu la création de ce qu'on appelle "les hôpitaux de proximité", de petits centres de santé qui ne comprennent pas forcément tous les services d'un hôpital classique. Le ministère de la Santé en répertoriait 243 en 2018. Mais la plupart ne comprennent pas de services d'urgence. Si l'on arrive là avec une jambe cassée, par exemple, on sera renvoyé vers l'hôpital classique le plus proche. 

Il y a de fortes disparités en France. Les Hauts-de-France sont particulièrement bien lotis, par exemple. Selon l'Insee, en 2013, la moitié des séjours hospitaliers dans la région se faisaient à 18 minutes du domicile. La région est particulièrement urbanisée et il y a peu de relief, ce qui facilite les déplacements. En Normandie, au contraire, la moitié des séjours hospitaliers se font à plus de 23 minutes du domicile.

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