Y a-t-il une "explosion de la violence" en France, comme l'affirme Xavier Bertrand ?
franceinfo passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Aujourd'hui, Xavier Bertrand affirme que les faits de violences ont fortement augmenté, mais ça n'est pas si simple que cela.
Y a-t-il de plus en plus de violence en France ? C'est en tout cas ce qu'affirme Xavier Betrand, ancien ministre et président du conseil régional des Hauts de France, dans le Journal du Dimanche : "Regardez les chiffres de la délinquance publiés en douce juste après les vœux de M. Castaner (il ne fallait pas perturber le message du ministre) : on assiste à une explosion de la violence depuis quatre ou cinq ans.” La cellule Vrai du faux vous explique pourquoi ce n'est pas aussi simple que ça.
Des augmentations en trois ans
Globalement, si on regarde les chiffres du ministère de l'Intérieur dont parle Xavier Bertrand, sur une douzaine de catégories, homicides, coups et blessures volontaires, cambriolages ou encore violences sexuelles, on remarque que sur les quatre dernières années, leur nombre a certes augmenté, mais d'un peu plus de 2%. Donc si on s'arrête là, non, on ne peut pas parler d'explosion des faits de violence en France ces dernières années.
Quand on entre un peu plus dans le détail, il y a effectivement des augmentations plutôt inquiétantes. Entre 2016 et 2019, les violences sexuelles ont augmenté de 48%, les coups et blessures volontaires de 21%, et les homicides de 9%. Mais en parallèle, on peut aussi évoquer des baisses notables comme le nombre de vols avec armes.
Une vision partielle de la délinquance
Mais ces chiffres, il faut aussi un peu s'en méfier. Pourquoi ? Parce que contrairement à ce que laisse entendre Xavier Bertrand, ces chiffres du ministère de l'Intérieur ne sont pas une photographie exacte du niveau de violence en France. On parle de faits enregistrés par les policiers ou les gendarmes quand les victimes portent plainte ou en cas de flagrant délit, etc. Cela veut dire qu'on a une vision forcément partielle de la délinquance. Exemple : si on prend le chiffre des violences sexuelles, +48% en quatre ans, cela ne veut pas dire que le nombre de violence sexuelle a explosé sur cette période, mais cela veut surtout dire que le nombre de victimes qui déposent plainte a beaucoup augmenté, notamment depuis le mouvement "Me Too", avec des plaintes qui concernent beaucoup de faits anciens qui remontent à plusieurs années.
Attention à ces chiffres sur la délinquance constatée publié par le ministère de l'Intérieur. C'est un indicateur, mais cela ne suffit pas pour décrire le niveau de violence dans notre pays.
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