Le vrai Henry de Monfreid
Nous sommes à
la fin du 19ème siècle, Henry de Monfreid est élève au lycée de
Carcassonne. Dans ce cahier qu'il a illustré avec des dessins aquarellés, l'adolescent
qui n'a pas encore quatorze ans décrit son amour, c'est le mot, pour la mer. Et
il le fait avec un talent surprenant pour un garçon de son âge. En trente
lignes, il raconte ce que sera sa vie. Ce que personne, même ses parents, ne
pouvait imaginer à cette époque.
Pour Guillaume
de Monfreid, cette déclaration d'amour à la mer est une révélation. Henry de
Monfreid, l'aventurier, avait une seule motivation : la mer synonyme de liberté .
Et l'auteur des "Secrets de la mer Rouge " a toujours gardé le cap sur
cette liberté. Comme un marin, il a tiré des bords pour parvenir à son but. Il
a fait toute sorte de métiers, chauffeur de maitre, commis en cuir ou en café,
pêcheur, architecte naval, journaliste, capitaine au long cours, chasseur de
perles, contrebandier, trafiquant d'armes et de haschish.
Après une
maladie qui a failli l'emporter, Henry de Monfreid admettait lui-même qu'il
était sans doute un peu braque et risque-tout. Et c'est dans l'action qu'il se
révélait et manifestait sa passion pour la mer. Le coup de feu n'était pas pour
lui déplaire.
Dans
"Hymne à la mer", un petit album paru chez Arthaud, rempli de textes,
de photos et de dessins inédits, Guillaume de Monfreid nous montre son
grand-père en pleine action:
"Il aime la mer, si vous voulez, mais ce n'est pas
un contemplatif. Il ne va pas aller sur la mer en plaisancier. Pour lui, ça n'a
pas de sens. D'ailleurs, quand vous allez dans ces pays-là, vous arrivez dans
un port du Yémen, on vous dit - Qu'est-ce
que tu viens faire ?, qu'est ce que tu amènes ? Pourquoi t'es là ? - Vous
dites, je suis plaisancier. Ca n'a pas de sens. Si tu viens, c'est que tu as
quelque chose à bord. Donc, la police fouille le bateau de fond en comble. Ce
n'est pas possible qu'un navigateur arrive en mer et qu'il n'ait rien dans ses
cales. Et Henry a un peu cet état d'esprit là. S'il va sur mer, c'est bien sûr
pour naviguer mais c'est aussi pour faire quelque chose. Donc, il y a toujours
quelque chose dans ses cales."
Mais comme le
fait remarquer Guillaume de Monfreid, son grand-père était un très mauvais contrebandier.
Il ne disposait pas de société écran ou d'intermédiaires. Il faisait tout
lui-même même les aquarelles qu'il prenait le temps de peindre malgré sa
cargaison d'armes ou de haschish.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.