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Pourquoi dit-on que l'argent n'a pas d'odeur ?

Vous avez tous reniflé ça : les plus chanceux en encaissant la cagnotte du loto, les autres en réglant leur troisième tiers. "L'argent n'a pas d'odeur". Et d'abord, pourquoi en aurait-il une?
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Comme dans les
slows, tout commence en Italie dans les années 70. A Rome exactement. Mais pas
en 1970. En 70 tout de suite après Jésus-Christ. En 0070.

A l'époque,
Rome est gouvernée d'une poigne de fer par l'empereur Vespasien. Oui, celui qui
a laissé son nom aux "vespasiennes". Contrairement aux apparences étymologiques,
ce Vespasien n'a rien d'un  fétichiste scatologique. Il n'est qu'un
dirigeant pragmatique, qui a décidé de procéder à l'assainissement financier de
sa cité. L'argent manque. Et pour renflouer les caisses, comme on le ferait
aujourd'hui, il crée un nouvel impôt.

Pas n'importe
quel impôt. Une taxe sur les urines. Ne riez pas. Au début de l'ère chrétienne,
à Rome et ailleurs, l'urine est une denrée précieuse: c'est avec elle que l'on
procède au dégraissage des vêtements. Une sorte de lessive, donc. Et ce qu'on
appelle "vespasienne" existait bien avant Vespasien (au pouvoir de 69 à 79),
sous forme d'urnes que les teinturiers et les tanneurs disposaient devant leurs
échoppes pour collecter le cher liquide. 

Pourtant
Titus, le propre fils de l'empereur fut choqué par ce nouvel impôt. Un de plus!
Et il le clama bien haut à son père. Vespasien, fou de rage, lui colla sous le
nez la première recette ainsi collectée. De rutilantes pièces d'or et de
bronze. Il demanda alors à son fils si l'odeur le troublait. Le rejeton avoua
que non. Et la rumeur se répandit dans Rome que l'argent n'avait définitivement
pas d'odeur.      

Vingt
millénaires plus tard, rien ne saurait contredire Titus. Dans les années 90
(1990, pas 0090), les grands hôtels de Las Vegas ont installé près des machines
à sous des diffuseurs qui répandent des effluves d'un nouveau genre : des
molécules odoriférantes qui inciteraient les joueurs à jouer toujours plus
gros. 

Preuve que
l'odeur des billets de 100 dollars ne suffisait pas.

Jusqu'à preuve
du contraire...

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