Patrick Modiano et Lisa Balavoine
Au programme de cette semaine la danse, thématique de deux romans, le nouveau livre de Patrick Modiano et l'histoire jeunesse de Lisa Balavoine.
La Danseuse de Patrick Modiano, chez Gallimard
L’histoire est celle d’un homme qui se souvient de la danseuse, du petit Pierre qu'elle élève seule, et de son protecteur mystérieux. Les souvenirs remontent 50 ans en arrière, et comme ils le peuvent. La mémoire fait donc parfois des "échappés" sur les dates, sur les lieux dans un Paris d'avant, ou sur la netteté des visages.
Mais à côté de ce flou et de ces fantômes, ce qui contraste, c'est tout ce qui est relatif à la danse. Là, les souvenirs sont nets et précis, comme s’ils avaient imprimé l’exigence de cet art. Grâce à la danseuse, qui fréquente le studio de danse Wacker, place de Clichy, on croise le chorégraphe russe, Boris Kniaseff. Pour lui, "la danse est une discipline qui permet de survivre".
Du narrateur, on ne sait pas grand-chose non plus, sinon que cette relation avec la danseuse va changer le cours de son existence. Il est jeune et cherche la discipline de sa vie. La sienne sera l'écriture. "Et maintenant, Mesdemoiselles, Messieurs, mettons de l’ordre dans tout cela", dit aussi le célèbre chorégraphe à ses danseurs.
Prix Nobel de littérature en 20214, Patrick Modiano, lui, dans ce précieux et court roman, remet en ordre des images de sa jeunesse. Une façon de garder en mémoire un passé qui devient "un présent éternel".
"Le temps qui a brouillé les visages a gommé aussi les points de repère. Il reste quelques morceaux d'un puzzle, séparés les uns des autres pour toujours."
Patrick Modiano"La Danseuse"
Comme nous brûlons, de Lisa Balavoine, éditions Rageot, à lire à partir de 12 ans
Une rencontre avec une autre danseuse, on connaît son nom, elle s’appelle Blanche. Admise dans un internat de danse à Marseille, elle y rencontre Ada, une grande et belle jeune fille rousse qui danse "comme elle existe", à la fois flamboyante et secrète. Et puis aussi Malek, un jeune garçon solaire et qui va l’initier au hip-hop. Des rencontres qui la feront grandir.
Lisa Balavoine signe ici un nouveau très beau roman d’apprentissage, dans lequel la danse, au centre de l'histoire, est un symbole d’émancipation, à la fois de lâcher prise, et de prise de confiance en soi. Un roman à la chorégraphie originale qui alterne prose et poèmes en vers libres.
Dans cette écriture parfois musicale, il y a une certaine tension dans l’histoire, tout comme on ressent la tension des corps, pour sans cesse se surpasser, rater et recommencer, pour finalement trouver sa propre danse et être soi.
Lisa Balavoine révèle à la fin du livre qu’elle s’est permis quelques emprunts à Baudelaire, Apollinaire, mais aussi à Lomepal, Benjamin Biolay, et on peut citer aussi Debussy, notamment le Prélude à l’Après-midi d’un faune, morceau choisi par Blanche pour son audition.
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