"Une nuit particulière" de Grégoire Delacourt

Une nuit particulière,  de Grégoire Delacourt, éditions Grasset.

En attendant que son mari quitte leur appartement et la quitte tout court, Aurore veut remplir la nuit.

Alors pour essayer d'échapper à la fin imposée par celui qu'elle aime, elle décide de se perdre dans une nouvelle rencontre. Une rencontre avec un inconnu. Et dans le début de cette nuit-là, elle choisit de demander du feu à un homme, Simeone, qui se laisse approcher.

Et cette nuit particulière peut commencer…

Ils partent main dans la main et nous on va aimer les suivre, compagnons fantômes de leur déambulation dans Paris, celui des bars, des hôtels et des taxis, on s'étourdira même avec eux sur une plage venteuse du Nord au petit matin. 

"Il y a tant de façons de faire l'amour" dit Simeone, et en très peu de pages on explore le plus profond de ces âmes en sursis, le temps d'une nuit en ''sur-vie''. 

Il y a longtemps que je voulais faire se rencontrer des gens improbables la nuit. C'est quelque chose de très cinématographique qui venait en fait je crois d’un très long travelling comme ça entre Ventura et Fabian dans "La bonne année" de Lelouch. Et c'est une scène qui m'a toujours fait rêver et je me suis dit, un jour il faut que j'écrive quelque chose comme ça. Donc c'est un petit peu cet amour de cinéma, du romanesque qui m'a donné envie de ce livre.

Grégoire Delacourt

à franceinfo

"Une nuit particulière" raconte une histoire d'amour particulière

La magie de tous les mots choisis de Grégoire Delacourt opère, on plonge avec eux dans une intimité exacerbée, parfois crue, toujours à fleur de peau, envoutante et qui bouleverse.

L'auteur décrit le ressenti de cette femme dans tout son être de façon extraordinaire. Il s'était déjà glissé dans la peau d'une femme dans plusieurs de ses romans, notamment dans La Liste de mes envies, (un énorme succès publié en 2012, vendu à 1,2 millions d'exemplaires et adapté en film par Didier Le Pêcheur), dans On ne voyait que le bonheur ou encore dans le roman Danser dans l'abîme. Mais peut-être a-t-il fallu chercher encore plus avec le personnage d'Aurore, encore plus d'intimité…

Oui, c'est une intimité et une extrême impudeur, en fait, mais qui doit rester pudique. C’est-à-dire qu’il y a quelque chose de très cru dans ce que va nous dire cette femme, dans la manière dont elle va appréhender son corps, qui est celui d'une femme qui a 55 ans. Comment elle va l'envisager par rapport au corps d'un homme, tout en étant à la fois cru et extrêmement poétique, c'est à dire extrêmement visible et invisible à la fois. 

Grégoire Delacourt

à franceinfo

Onzième livre de Grégoire Delacourt

Une nuit particulière arrive après  L'enfant réparé, un récit personnel dans lequel Grégoire Delacourt a révélé avoir été abusé par son père. L'auteur renoue donc avec le roman. Un roman très contemporain, d'une beauté tragique et à la fois lumineux comme il l'explique lui-même :

J'ai eu envie de l'amour fou, d’un amour de lumière, d’un amour qui soit un bel amour, même s'il est dur et tragique. Parce que les choses ne durent pas et on le sait tous... Et j'ai eu envie de penser que l'amour, ça peut être magnifique et beau. Et ce livre, c'est le contrepoint solaire, j'ai envie de dire, le contrepoint absolu de "L'enfant réparé".

Grégoire Delacourt

à franceinfo

On quitte ce livre et ces amants dignes d'une tragédie grecque contemporaine comme après une belle nuit blanche, ah non pardon, comme après une magnifique nuit d'amour ! Et en tout cas tout chamboulé comme en écoutant l’aria de Madame Butterfly que Grégoire Delacourt aime tant. 

D'autres idées de lectures pour les plus jeunes 

Sur le site de kibookin du SLPJ, pour tous les âges et tous les goûts, plus d'excuses pour ne pas trouver sa pépite à lire ou à offrir !

Belles lectures et bonne semaine à tous !