Emmanuel Pierrat : "Mon pavé 2018, je le lance contre la censure"
Emmanuel Pierrat, avocat au barreau de Paris, part en guerre contre toute forme de censure, notamment pour les œuvres culturelles.
Emmanuel Pierrat est un avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle et de la presse. Il est également écrivain et président du PEN Club français dont le but premier est de défendre la liberté d’expression et de création. Aujourd’hui, il s’oppose à la censure qui met à mal la liberté d’expression. Il publie début mars une biographie de Pierre Simon, médecin et premier expert en sexologie, aux éditions Don Quichotte.
Olivier de Lagarde : Il y a de la censure en France aujourd’hui ?
Emmanuel Pierrat : Oui, c’est une censure à la fois diffuse, nouvelle et modernisée, qui s’attaque à de nouveaux pans. Par exemple elle s’attaque aux auteurs, à la vie des auteurs. Au motif que vous avez une œuvre éventuellement irréprochable, cinématographique, littéraire, mais que vous avez eu un comportement que l’on juge illégal, voir simplement amoral, voir on n’en sait rien du tout, vous êtes stigmatisés. (…) Par exemple, Roman Polanski à la Cinémathèque française. On peut aimer ou pas les films de Polanski, mais ils ne sont pas problématiques en tant que tel. Sa vie est autre chose et il faut savoir distinguer la vie des auteurs, sinon nous sommes bons pour vider totalement nos bibliothèques.
Roman Polanski a failli être déprogrammé de la Cinémathèque.
On voulait le déprogrammer. Il y a eu des manifestations violentes, c’est-à-dire des appels, en quelque sorte, au boycott. Les censures, elles, se manifestent aussi bien par la loi, la justice, que par la violence physique, la manifestation, l’opprobre, le boycott voir, dans le pire des cas, la Kalachnikov. Toutes ces formes sont utilisées et mettent à mal le créateur.
Les accusations contre Roman Polanski d’harcèlement sexuel ne posent pas de problème ?
Ça peut poser un problème, évidemment, ce n’est pas ce que je dis. Mais il faut décorréler. D’abord nous ne sommes pas juges, que je sache il bénéficie de la présomption d’innocence, nous ne sommes pas dans le dossier…
Mais il ne veut pas aller aux Etats-Unis se faire juger.
Ça c’est une autre affaire ! La question c’est est ce que oui ou non on doit interdire ses films au motif qu'il aurait eu un comportement qui pose problème.
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