Jean-Paul Ortiz : "Mon pavé 2018, c'est que chaque Français trouve un médecin sans difficultés"
Jean-Paul Ortiz est l’invité d’Olivier de Lagarde. Médecin et président de la CSMF, il lutte pour relancer la médecine de proximité et rendre le métier attractif pour les jeunes médecins.
Jean-Paul Ortiz est médecin et président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Il lance un pavé pour permettre à tous les Français d’avoir des rendez-vous rapides et accessibles avec des médecins généralistes et spécialisés. Jean-Paul Ortiz souhaite également que l'on revienne sur la réforme hospitalo-universitaire de 1958 qui a généralisé la formation des étudiants de médecine dans les CHU.
Olivier de Lagarde : Vous pointez les difficultés qu'ont certains Français à trouver un médecin, comment est-on arrivé à cette situation ?
Jean-Paul Ortiz : Aujourd’hui, il y a des Français qui ont du mal à trouver un médecin traitant et qui ont des difficultés à trouver un rendez-vous dans des délais raisonnables auprès d’un médecin spécialiste. Comment en est-on arrivé là ? Parce qu’on a mal géré les flux de médecins dans le pays. On est aujourd’hui dans une situation héritée d’une forte baisse du numerus clausus, du nombre d’étudiants formés, alors que la demande a augmenté. La population française a augmenté de 0,6% par an, nous avons des populations de plus en plus âgées, de plus en plus polypathologiques. On a donc une demande en soins qui a augmenté.
Donc il faut d’urgence ouvrir les portes des écoles de médecine ?
Pas du tout ! Ça ne résoudra rien parce qu’on a déjà fait cela. Nous sommes passés de 3 500 étudiants en deuxième année à 8 300 aujourd’hui. Malheureusement nous avons dix années à tenir qui vont être difficiles parce que l’impact de ce numerus clausus très bas se fait sentir aujourd’hui. Et puis il faut arrêter avec les ordonnances de 1958 qui ont centré la formation des étudiants exclusivement dans les centres hospitaliers universitaires. Il faut dissocier la faculté de médecine des grands hôpitaux publics, l'ouvrir sur la médecine libérale et la médecine de ville pour que les jeunes étudiants aient la passion de notre métier exercé en ville.
Pourquoi les médecins ou les étudiants en médecine se détournent de la médecine généraliste, de la médecine de ville ?
Parce qu’ils ne la connaissent pas. Bien sûr qu’il y a la technologie, la performance que l’on voit dans les grands centres hospitaliers. Bien sûr qu’il y a aussi de l’écoute dans ces grands centres hospitaliers. Mais la médecine de proximité, la médecine générale, la médecine de spécialité, c’est cette passion là qu’il faut aussi montrer aux étudiants. Et chacun choisira ce qu’il veut exercer.
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