Tina Kieffer : "Mon pavé 2018 est contre les préjugés qui freinent l’éducation des filles"
Olivier de Lagarde reçoit la journaliste Tina Kieffer. Elle consacre son pavé pour l'éducation des jeunes filles à travers son association Toutes à l'école.
Tina Kieffer est une journaliste française, ancienne directrice de la rédaction de Marie Claire. Elle est présidente de l’association Toutes à l’école, basée au Cambodge, qui a pour mission de scolariser plus de 1 100 jeunes filles défavorisées. Fondée il y a 12 ans, l’association possède sa propre école et travaille en partenariat avec les écoles publiques aux alentours. Tina Kieffer jette donc son pavé sur les préjugés et les personnes qui empêchent le développement de l’éducation des filles dans le monde entier.
Olivier de Lagarde : Vous n’accueillez que des petites filles, pourquoi ? Parce que les petits garçons sont à peu près scolarisés normalement ?
Tina Kieffer : Quand une famille pauvre doit envoyer un enfant à l’école, elle choisit d’abord le garçon. Et on le voit très bien, d’ailleurs : il suffit de regarder les cahiers d’appels, plus vous montez dans les classes moins il y a de filles. Et encore, on n’est pas dans un pays qui a un problème d’intégrisme, c’est pour des raisons purement économiques au Cambodge. Les petites filles sont plus "rentables". Elles sont plus rentables à la maison pour s’occuper des petits frères, à la cuisine... Et elles sont plus rentables sur le trottoir.
Vous vous substituez en partie aux pouvoirs publics cambodgiens ?
C’est un fait, mais en même temps, le pouvoir public cambodgien n’a pas franchement privilégié l’éducation ces dernières années. Il y a quand même un net progrès depuis qu’a été nommé le nouveau ministre de l’Éducation là-bas. Il a fait repasser le bac, parce que tout le monde l’avait, et quand il l’a fait repasser il n’y avait plus que 20% de réussite, tellement il y avait de triche. Ça prouve que c’est un homme qui est quand même assez courageux.
Vous lancez votre pavé contre les préjugés, ils sont encore très forts ?
Énormes. C’est complètement absurde parce que quand vous éduquez une petite fille, c’est une mère en puissance c’est-à-dire que vous sauvez la génération suivante. Sur toute la population analphabète dans le monde, il y a deux tiers de femmes.
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