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Vincent Cespedes : "Mon pavé 2018 c’est la lutte contre l’hypnose liée aux écrans"

L'invité d'Olivier de Lagarde est Vincent Cespedes, philosophe et essayiste, qui dénonce la puissance du virtuel.

Article rédigé par Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Vincent Cespedes (NATALYA KUBAK)

Vincent Cespedes est philosophe et essayiste. Il met en évidence un phénomène de notre ère qu’il appelle "l’envoûtement profond", où les hommes confondent l’adrénaline au sens. La puissance de l’écran, et des informations qui défilent, nous attire et fait partit intégrante de notre vie. Pour Vincent Cespedes, le réel n’existe plus et est, de manière permanente, entremêlé au virtuel.

Olivier de Lagarde : Vous lancez votre pavé sur l’utilisation du smartphone, finalement ? Contre l’éducation à ces nouvelles technologies ?

Vincent Cespedes : Mon pavé est contre l’hypnose liée aux écrans, et non pas les écrans. Ils ne sont qu’un moyen. Quand on construit des individus sur-adaptés à l’idée que dans l’hypnose tout va bien, que dans le "déréel", tout va bien, que la vie est transréelle, le réel ne compte plus, le virtuel prend tout, alors on a à faire à un état hypnotique permanent. Evidemment, cela a des conséquences dans toutes les dimensions, mais une des plus grandes conséquences c’est qu’on n’a pas l’impression de vivre. Au bout du compte on passe à côté de la vie.

En 1968, vous auriez condamné les paradis artificiels, le LSD, la marijuana… C’est une forme de drogue ?

Hélas non. Ce serait bien si le smartphone nous donnait une sorte d’état modifié de conscience qui nous permettrait de voyager de façon initiatique, par exemple. Mais non, c’est permanent, c’est accroché à notre conception du monde, et surtout, ça nous évite d’être confrontés à nous même. C’est le divertissement pascalien poussé à l’extrême en permanence. C’est la société du spectacle mais moléculaire, greffée à nos existences. On n’a pas affaire à des moments de dérèglement suivi de moment de retour à l’ordre, mais à un réel qui se dérègle en continu.

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