Ma ville demain. La ville GAFAM
À quoi va ressembler "Ma ville demain" ? On en parle tous les week-ends cet été sur franceinfo. Éclairage avec Cécile Maisonneuve et Edouard Marguier.
À quoi ressemblerait une ville gouvernée par les GAFAM. Amazon, Google, Apple : tous sortent grands gagnants de la pandémie, avec des chiffres d’affaires gonflés par la crise. Vont-ils également mettre la main sur nos villes ? Décryptage avec Cécile Maisonneuve.
franceinfo : Ma ville demain sera-t-elle gouvernée par un géant de la tech ?
Cécile Maisonneuve : Alors, oui, c’est vrai, les rois de la distanciation sociale que sont les géants du numérique nous ont permis à nous, urbains, de supporter de vivre dans des villes mises à l’arrêt. Pas si sûr pour autant qu’ils feront main basse sur la ville. Car la crise a aussi sonné le glas du premier projet urbain de Google à Toronto. Sur le terrain d’une friche industrielle de la capitale de l’Ontario au Canada, Sidewalk Labs, la filiale d’Alphabet, maison-mère de Google, bataillait depuis deux ans pour construire ni plus ni moins que la ville, je cite, "la plus intelligente du monde". On allait voir ce qu’on allait voir : dans une ville rendue hyperefficace des quantités de données collectées dans l’espace public, chez vous, sur vos téléphones, on pourrait se déplacer à vélo, vivre dans des gratte-ciels en bois et se faire livrer par drone.
Mais ce type de projet porté par les géants du numérique ne va-t-il pas revenir sur le devant de la scène, passée la crise ?
Si Google a argué de la crise pour abandonner son projet, la réalité est plus compliquée que cela. Ceux qui ont bloqué Google à Toronto, ce sont les habitants eux-mêmes. Car quand ils ont voulu savoir comment la protection de leurs données personnelles serait assurée, où elles seraient stockées, les réponses qu’ils ont eues ne les ont pas rassurés. Dans la ville des GAFAM, la gouvernance des données est le nerf de la guerre. Mais elle suppose la confiance pour être acceptée. Or, la confiance n’était pas là. On l’a vu en France avec l’application Stop-COVID, l’utilisation dans l’espace public de technologies portant potentiellement atteinte à la vie privée, suscite beaucoup d’inquiétudes.
Et pourtant, Google, Apple, Amazon, nous les utilisons au quotidien dans nos vies d’urbains…
Oui, et ce n’est pas prêt de s’arrêter car les services qu’ils nous proposent nous sont devenus indispensables. Nous sommes contradictoires dans nos rapports aux technologies. Si nous estimons qu’elles nous apportent du bien-être, nous les acceptons. Finalement, ceux qui donneront les clés de la ville aux GAFAM, c’est vous, c’est moi, c’est nous, et personne d’autre !
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