Cet article date de plus de sept ans.

Mémoire d'Info. Le 21 avril 2002 : "Des choses auxquelles on assiste rarement dans une vie professionnelle", se souvient Jean-Michel Aphatie

Pour ses trente ans, franceinfo a demandé à des personnalités de la culture et des médias de raconter l'info qui les a marquées ces trente dernières années. Le journaliste Jean-Michel Aphatie se souvient du premier tour de la présidentielle de  2002.

Article rédigé par franceinfo, Guy Birenbaum
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Lors de son allocution ce 21 avril 2002 au soir, Lionel Jospin déclare : "J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique." (JACK GUEZ / AFP)

Jean-Michel Aphatie anime aujourd'hui l'interview politique 8h30 Aphatie sur franceinfo. En avril 2002, il est chef du service politique de France Inter. "J'avais suivi la campagne présidentielle de Lionel Jospin, qui se confrontait donc à Jacques Chirac. Tout le monde pensait que ce serait le duel du second tour. Les journalistes qui suivaient Lionel Jospin l'avaient trouvé mauvais comme un cochon pendant ce premier tour. Mais de là à imaginer ce qui allait se passer..." se souvient le journaliste.

"Ce 21 avril 2002, il est 18h40. Un sondeur avec qui j'avais travaillé un peu pendant toute la campagne m'appelle et me dit : 'C'est extraordinaire, d'après les premières constatations que nous faisons à la sortie des urnes, Lionel Jospin n'est pas au second tour'."

Pendant une heure et demie, j'ai vécu avec ce sentiment curieux de côtoyer des gens qui étaient dans l'ignorance.

Jean-Michel Aphatie, journaliste politique

à franceinfo

A ce moment-là, Jean-Michel Aphatie se trouve au QG de Lionel Jospin. "Il y avait autour de moi tous les supporters de Lionel Jospin, des gens ordinaires, des dirigeants de la campagne que je connaissais, et qui eux ne possédaient pas l'information, raconte le journaliste de franceinfo. Seul le staff de Lionel Jospin l'avait, à partir de 19h, mais ils étaient enfermés à l'étage. Et, du coup, j'étais dans une situation étrange, c'est un souvenir qui m'a marqué longtemps, je regardais tous ces gens-là, en me disant : 'Ils ne savent pas à quelle douleur ils vont être confrontés.'."

Jean-Michel Apathie dans les locaux de franceinfo. (CHRISTOPHE ABRAMOWITZ)

La soirée électorale du 21 avril 2002, "c'était comme si le temps était suspendu. Il fallait attendre 20 heures pour que cette information, qui était forte, qui mettait en cause beaucoup de choses dans la République, soit partagée par tout le monde." Et Jean-Michel Aphatie ajoute : "C'était un moment très singulier où on est surpris par l'Histoire, c'est rare dans nos sociétés." A 20 heures, les estimations placent Jean-Marie Le Pen au deuxième tour, derrière le président sortant, Jacques Chirac. Lionel Jospin, Premier ministre socialiste sortant, est éliminé.

Une intensité "dramatique"

Les directs à l'antenne et l'annonce par Lionel Jospin de son retrait de la vie politique, le journaliste politique s'en souvient bien. "C'était une soirée dramatique, des formes d'enterrements républicains. Ce sont des choses auxquelles on assiste rarement dans une vie professionnelle." 

Et l'événement l'a beaucoup marqué. "J'ai toujours été sensible à l'idée que dans nos mondes en paix depuis 1945, nous ne sommes pas accoutumés à l'idée que la violence, d'une manière ou d'une autre, peut survenir dans nos vies, raconte Jean-Michel Aphatie. Cela a été le cas le 11 Septembre 2001, ça a été le cas avec le déclenchement de la guerre en Irak en 2003, et d'une certaine manière, le 21 avril 2002, même si c'est une violence plus civilisée, j'ai ressenti la même chose : la violence fait partie de nos vies parce que l'Histoire s'écrit violemment."   

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.