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Après la mort du "Cavaliere", retour sur les années Berlusconi en Italie

"Micro européen" évoque aujourd'hui la disparition le 12 juin de Silvio Berlusconi, avec Daniele Zappala, journaliste italien correspondant du quotidien "Avvenire".
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lanarque
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Silvio Berlusconi, le 21 octobre 2021 à Rome.Le "Cavaliere" est mort le 12 juin 2023. (FRANCO ORIGLIA / GETTY IMAGES EUROPE)

Silvio Berlusconi, mort le 12 juin à Milan, célébré par des funérailles d’Etat, a été trois fois Président du Conseil, soit Premier ministre. Il a été une figure de la politique italienne moderne.

Alors depuis 1945, il y en a eu d’autres, Alcide de Gasperi, le créateur de la Démocratie Chrétienne, Amintore Fanfani, Aldo Moro assassiné par les Brigades rouges, Giulio Andreotti, aussi mystérieux que sulfureux, Francesco Cossiga, Bettino Craxi, le socialiste, l’homme du scandale et des scandales, et deux grands secrétaires généraux emblématiques du Parti Communiste italien, Palmiro Togliatti et Enrico Berlinguer.

franceinfo : Berlusconi est-il arrivé à un moment où la politique italienne se cherchait ?

Daniele Zappala : Oui, il est arrivé vraiment au moment de l'effondrement de ce que l'on appelle la Première République, à savoir ces systèmes politiques où la Démocratie Chrétienne était hégémonique. Avec les scandales de corruption, la Démocratie Chrétienne, les partis socialistes et les partis centraux se sont effondrés, et là, il y a eu un vide que Silvio Berlusconi, d'une manière extrêmement habile, a su combler d'une manière finalement à nulle autre pareille.

Il ne faut pas oublier que du temps des années de plomb des Brigades rouges, Berlusconi, qui était un homme d'affaires, était connu en Italie parce qu'il passait dans la presse avec son colt. Il était toujours armé.

Il était en fait le "Cavaliere" déjà, car dans les années 70, il avait effectivement obtenu ses titres de "chevalier du travail", et donc il était surtout l'homme qui allait se diriger vers cet objectif de devenir le plus riche des Italiens. Il a en fait centré cet objectif. Mais, ensuite, il a été, c'est vrai, impliqué dans toute une série de situations de près ou de loin dans des scandales de l'Italie dans les années 70-80.

Donc, son entrée en politique a été perçue, par certains, comme aussi une manière, en quelque sorte, de se défendre par rapport à ces périodes où, derrière les grands entrepreneurs, il y avait aussi cette proximité avec les années les plus sulfureuses de l'histoire de la République.

Oui, parce qu'il faut dire aussi que Silvio Berlusconi a été sulfureux. Il y a eu des scandales. Trois choses : c'est l'homme de l’AC Milan, la seconde, c’est l’homme de la télévision, c'est la 5. Et puis "Forza Italia", son parti.

Oui, c'est lui qui a transformé la politique véritablement dans la société du spectacle. Et donc, aujourd'hui, beaucoup le considèrent surtout comme un grand vendeur, au départ vendeur d'appartements, puis en fait vendeur au niveau de l'énorme marché publicitaire de ses chaînes de télé, et ensuite vendeur aussi en politique. D'ailleurs, il s'est présenté en 94 véritablement avec cette allure de grand publicitaire. D’ailleurs, c’est sur cela qu'il avait fait son mémoire de fin d'études.

Il a toujours eu cette proximité dans la capacité d'interpréter les souhaits des Italiens. C'était quelqu'un qui avait vraiment la capacité de se vendre. Il avait un grand besoin d'être véritablement désiré, et derrière, bien sûr, cet écran, aujourd'hui, les Italiens se posent tous, je crois, la même question : nous a-t-il roulés dans la farine ?

Il a promis énormément de belles choses, mais finalement, on a vu, en fait, cette Italie du miracle économique, disons des années 60 jusqu'aux années 70, véritablement s'enfoncer de plus en plus dans la crise. Il avait promis une révolution libérale, au sens véritablement d'une expansion de l'économie, alors que finalement, c'était surtout les sociétés de Berlusconi qui se portaient très bien dans un pays qui allait vraiment mal.

Et donc, on peut dire que son bilan politique est assez décevant. Mais il a, certainement, saturé la scène politique, à la fois sportive avec effectivement, l‘AC Milan, mais aussi la scène judiciaire. Donc, aujourd'hui, les Italiens, qu’ils le veuillent ou pas, sont obligés de se demander quel est l'héritage politique de cet homme.

Est-ce que c'est grâce à lui, quelque part, sans qu'il le veuille, qu'un comique comme Beppe Grillo a pu se lancer en politique ?

On peut dire qu'il a véritablement ouvert la voie à cette politique spectacle. On peut dire que même sans le vouloir, d'une manière quasi mimétique, beaucoup d'autres personnages reconnaissent avoir été influencés par Berlusconi.

Est-ce que Georgia Meloni représente aujourd'hui l'après Berlusconi ?

Georgia Meloni a été celle qui a le plus bénéficié de ces choix extrêmement controversés d'avoir effectivement ouvert le champ du gouvernement à un parti de la droite radicale, voire de l'extrême droite, et aujourd'hui encore, c'est la grande interrogation.

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