"Inapproprié", "embarrassant", "choix politique" : après la mort de Silvio Berlusconi, la journée de deuil national fait polémique en Italie
Devant et dans la cathédrale de Milan, près de 20 000 personnes sont attendue à partir de 15h, mercredi 14 juin, pour les funérailles d'Etat de Silvio Berlusconi, mort lundi à 86 ans des suites d'une leucémie. Si des milliers de personnes sont attendues, les accès seront toutefois limités à l'intérieur de l'édifice religieux. La cérémonie doit être retransmise sur des écrans géants positionnés sur la célèbre piazza del Duomo de la capitale lombarde et le parvis de la cathédrale pour permettre à tous ceux qui ne peuvent pas y entrer de la suivre.
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Un recteur d'université refuse de mettre ses drapeaux en berne
Preuve de l'héritage d'Il Cavaliere : un jour de deuil national a été décrété. C'est la première fois qu'un jour de deuil national est décrété pour un ancien Premier ministre qui n'a pas été président de la République en Italie. "Il n'y a pas de jurisprudence de référence", affirme un ancien président de la cour constitutionnel qui estime que "c'est un choix politique".
Reste que, malgré les hommages, aujourd'hui, l'opposition s'en émeut. L'ancienne ministre de la Santé démocrate, Rosy Bindi, juge ce choix "inapproprié pour une personne qui a divisé et non unifié". De son côté, le sénateur démocrate, Andrea Crisanti, est bien plus virulent : "Berlusconi n'a pas respecté l'État lorsqu'il a fraudé le fisc, lorsqu'il a sciemment adhéré à une loge maçonnique, dont la matrice subversive était évidente".
Si dans le pays, ces funérailles sont accompagnés d'une mise en berne des drapeaux pour trois jours, le recteur de l'université des étrangers de Sienne va lui désobéir, car il dénonce, lui aussi, le mépris de Berlusconi pour la justice et la marchandisation de tout "à commencer par le corps des femmes"
Les supporters de l'AC Milan divisés
Et puis, parmi ceux qui salueront la mémoire de Silvio Berlusconi, il y a l’équipe de la Radio Rossonera, radio des supporters milanais, qui se revendique "numéro 1 sur l’AC Milan", club que Silvio Berlusconi a présidé durant 31 ans et porté au sommet avec cinq ligues des champions notamment.
Depuis la mort du Cavaliere, la Radio Rossonera passe des appels de supporters qui leur parlent de Berlusconi. "C’est inévitable", souligne Pierangelo Rigattieri, animateur à Radio Rossonera. "Même si les dernières années de la présidence de Berlusconi ont été difficiles, compliquées, très critiquées, pendant vingt ans, il a gagné tout ce qu'il pouvait gagner."
Pour autant, Eduardo Maturo numéro 2 de la radio, est plutôt mal à l’aise avec ces hommages. "Pour beaucoup de supporters milanais, c'était embarrassant. Pendant des années, ils ont vécu cette dichotomie entre Berlusconi, le président de Milan, et Berlusconi, le Premier ministre, parce que c'était un homme qui, pour le meilleur et pour le pire, a changé ce pays." Malgré cela, beaucoup de supporters espèrent maintenant qu'un stade milanais portera désormais le nom de Silvio Berlusconi.
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