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Comment les Italiens abordent-ils cette année 2023 ?

L'Europe à l'orée de la nouvelle année. Après l'Allemagne ou l'Espagne, focus aujourd'hui sur l'Italie. José-Manuel Lamarque est en compagnie de Daniele Zappalà, correspondant à Paris du quotidien "Avvenire".
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Temps de lecture : 4min
La foule sur la Via Del Corso à Rome en octobre 2022.(Illustration) (ALEXANDER SPATARI / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Comment les Européens vivent cette nouvelle année, comment l'abordent-ils ? Aujourd'hui l’Italie avec Daniele Zappalà, correspondant italien à Paris du quotidien Avvenire.

franceinfo : Comment les Italiens se sentent-ils en cette nouvelle année 2023 ?

Daniele Zappalà : Cela dépend de quelle Italie nous parlons. Pour les tifosi, pour les fanas du football, ce mondial au Qatar s'éloigne, c'est un peu la honte de ne pas avoir gagné évidemment, et donc finalement, on s'est dit mine de rien, on reste en fait champion d'Europe.

C’est un début d'année sous le signe de l'introspection. Car effectivement, il y a eu un fait : la mort du pape Benoît XVI. Et la mort d'un pape, c'est quand même un événement énorme pour les Italiens. Il ne faut pas oublier que le pape est aussi le primat d'Italie, l'archevêque et métropolite de la province de Rome. Donc il y a un lien qui n'est pas seulement géographique, mais également consubstantiel avec l'Italie.

Et en plus, c'est la première fois qu'un pape célèbre les obsèques d'un autre pape émérite. Bien sûr, c'était aussi un moment, comme d'habitude, d'interrogations sur la relation que les Italiens ont par rapport à l'Église, par rapport à la religion, notamment, on le sait après ce début du gouvernement de Georgia Meloni, qui, bien sûr, a beaucoup fait parler également pour ses positions à l'égard des migrants. On sait que la ligne du gouvernement italien est loin d'être proche de celle qui a été prônée dès les débuts du pontificat par le pape François. Donc, tout cela a contribué finalement à remplir les journaux italiens.

Mais la guerre, la crise de l'énergie, l’avenir de l'Europe, où en sont les Italiens ?

Bien sûr. Et il y a aussi de l'inquiétude par rapport à l'inflation, qui frappe de plein fouet le porte-monnaie. Et il y a en fait tout un débat en cours concernant les prix des carburants. Car, c'est vrai, le gouvernement a fait des gestes pour essayer d’alléger cette facture. Les prix se sont envolés et donc beaucoup d'Italiens ont beaucoup de mal pour joindre les deux bouts. C'est une année très tendue. On attend des gestes plus forts, et on les réclame haut et fort.

À vous entendre, on retrouve toujours cette fulgurance italienne. Les Italiens ont toujours ce ressort, même si ça va mal. Même s'il y a des problèmes, on surpasse tout ça. Il y a toujours l'envie de vivre ? 

Il y a surtout, il ne faut pas oublier, l’art, comme on le dit, de s’arranger, de s'en sortir. Quoi qu'il arrive, on le sait, l'Italie est sortie de la Deuxième Guerre mondiale à genoux. C'était un pays qui était vraiment frappé par cette guerre, et en quelques années, l'Italie est devenue une puissance économique, la troisième d'Europe. On appelait cela le miracle italien. Mais je pense que c'est aussi la conséquence, peut-être de cette attitude positive, et en tout cas de cette capacité de s'en sortir.

Le miracle italien, on est toujours dans cette magie italienne, par exemple, les "furbi" et "fessi"...

Oui, cela fait partie de la sociologie italienne notamment, il faut le dire, napolitaine. Il y a effectivement d'un côté les "furbi », ceux qui font toujours tout pour arnaquer, ou en tout cas, pour sortir de toute situation. Et les "fessi", effectivement ceux qui se font avoir. Et donc c'est un thème classique du cinéma italien, qui a fait la fortune des comédies des années 60-70. Mais c'est aussi quelque chose qui fait partie de la sociologie italienne, pour le meilleur et pour le pire.

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