L’Italie et les élections européennes : interrogations et tractations…
Focus sur l'Italie avec Daniele Zappala, journaliste correspondant à Paris du quotidien Avvenire, sur les prochaines élections européennes. Comment nos voisins italiens abordent-ils ces élections, sachant que la présidente du Conseil, la première ministre Giorgia Melloni, du parti nationaliste Fratelli d'Italia, ce parti est membre au Parlement européen du groupe "Conservateurs et réformistes européens", avec "Vox" pour l'Espagne, "Reconquête" pour la France, "Droit et Justice" pour la Pologne, entre autres...
franceinfo : Daniele Zappala, quelles sont en Italie, les hypothèses, les tractations, les spéculations, à quelque dix semaines du scrutin européen ?
Daniele Zappala : Il y a en fait, en général le sentiment qu’il s’agit d’un test très important pour la coalition au pouvoir menée par Giorgia Meloni, la très puissante mais également très controversée présidente du Conseil. Les projections dans les sondages donnent Melloni autour de 26, 27%, contre les deux "compagnons de route", Salvini et Forza Italia, les deux autour des 8%. Donc on voit bien qu'elle a ce rôle hégémonique.
Il court des bruits comme quoi Giorgia Meloni "entamerait" un dialogue avec le groupe "Identité et Démocratie" au Parlement européen, qui compte entre autres le Rassemblement national, l’AFD allemande, ou encore la Lega de Mateo Salvini pour l’Italie ?
C'est vrai que Melloni vise à devenir la personnalité de référence, mais avec des visées possibles aussi d'alliances qui font peur actuellement aux centristes de la coalition du parti du président Macron. Il y a aujourd'hui pas mal de spéculations en Italie, sur l'hypothèse de tentatives de dialogues entre effectivement les deux partis de référence : d'une part le parti Fratelli d'Italia de Giorgia Melloni pour le groupes européen "Conservateurs et réformistes européens", et d'autre part pour le groupe "Identité et Démocratie", le Rassemblement national.
En Italie, on parle peut-être de premiers signes d'un possible dialogue entre ces deux forces. Même si pas mal d'analystes considèrent qu'il y a un véritable fossé sur de nombreux points du programme, notamment les positionnements par rapport à l'Europe. Mais disons que l'attitude récente de Giorgia Melloni, concernant notamment son positionnement très atlantique, et son acceptation des règles européennes, a en tout cas baissé le niveau d'alerte, véritablement, de plusieurs crans.
Mais où en est l'ancienne démocratie chrétienne italienne aujourd'hui, Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, membre du PP au Parlement européen ?
Alors actuellement Forza Italia est aujourd'hui mené par l'ancien président du Parlement européen Antonio Tajani, qui est donc un peu l'héritier politique de Silvio Berlusconi, mais c'est une force qui est très affaiblie. Selon les différents sondages, elle pèse entre 7 et 8%.
Et qu'en est-il de la gauche italienne, face à ces élections européennes en Italie ?
Alors la gauche italienne continue son processus de recomposition, aujourd'hui, le parti démocrate qui est donné en fait en phase de hausse au niveau du consensus avec une nouvelle cheffe de parti, un visage jeune, Elly Schlein qui a des origines américaines. Elle incarne le renouveau dans le parti démocrate, mais beaucoup d'inimitiés empêchent pour l'instant d'élargir le champ des coalitions.
Donc, on a un paysage qui est relativement émietté autour du Parti démocrate, avec beaucoup de petits partis, mais au centre et à la gauche de l'échiquier, il y a énormément de tractations en cours. Par exemple, Matteo Renzi, l'ancien président du Conseil, vient de lancer une coalition fédéraliste qu'il a nommée "Coalition des Etats Unis d'Europe" qui représente une nouveauté. Et donc il pourrait y avoir encore des surprises.
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