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La région de Naples en Italie : plus d'un million d'habitants au pied d'un super volcan surveillé tous les jours

Focus sur le sud de l'Italie aujourd'hui, plus précisément la région de Naples, et ce que l'on appelle les champs Phlégréens.
Article rédigé par franceinfo - José Manuel Lamarque
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Italie. Vue panoramique de Naples et du Vésuve au coucher du soleil. (Illustration) (NICO DE PASQUALE PHOTOGRAPHY / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

La région de Naples en Italie, et ce que l'on appelle les champs Phlégréens, c'est une région volcanique située dans le golfe de Pouzzoles, au nord-ouest de Naples. Des champs qui correspondent à un des super-volcans les plus actifs du monde. Le journaliste italien Daniel Zappala, correspondant du quotidien Avvenire à Paris, docteur en géographie est l'invité de Micro européen. 

franceinfo : La question des champs Phlégréens, Naples, la baie de Naples, et à l'est de Naples, il y a le Vésuve. Tout le monde connaît le Vésuve, mais les champs Phlégréens, qui les connaît ? Pourtant, c'est ce qui menace toute la région de la ville de Naples ? 

Daniel Zappala : C'est un fait qui reste aujourd'hui de manière visible dans ce qu'on appelle un super volcan, à savoir un volcan dont la puissance potentielle dépasse vraiment toute imagination. Il faut juste penser que, il y a à peu près 30.000 ans, selon les scientifiques, l'éruption majeure des champs Phlégréens contribua probablement à l'extinction de l'homme de Neandertal.

Aujourd'hui, sur 100 km2 se trouvent sur ces champs Phlégréens, deux villes : Pouzzoles et Cumes. Et puis il y a la fameuse caldeira, le chaudron, et on le voit sur la carte, c'est un chaudron avec la baie, qui est découpée en demi-cercle, c'est une cuvette plane de 13 km de diamètre et là, c'est plus d'un million d'habitants qui sont en danger, que ce soit les villes de Pouzzoles et de Naples ?

Une étude récente des chercheurs napolitains et londoniens a prouvé que, peut-être et la prochaine éruption des champs Phlégréens n'est pas si lointaine comme on l'imaginait, bien sûr, ce n'est pas pour demain.

Parce que les champs Phlégréens, ce sont des volcans terrestres, mais aussi sous-marins ? 

Sous-marins et en fait, bien évidemment, ils sont monitorés tous les jours, surveillés. Chaque micro séismes est scruté, et ensuite, on étudie la composition des fumerolles, car il y a une activité hydrothermale, une activité en fait de gaz qui sont émis, qui est permanente, et en fonction de la composition de ces gaz, notamment de la concentration de monoxyde ou de dioxyde de carbone, on peut évaluer s'il y a en fait un phénomène d'accumulation d'énergie, sous la croûte terrestre, et du coup, c'est ce qu'on observe depuis les années 50, et c'est ça qui a réveillé l'alerte. Il y a non seulement ce qui est visible, à savoir en fait des soulèvements de terrains qui sont spectaculaires, dans les années 70, figurez-vous cela a été en fait un soulèvement de deux mètres.

Mais en plus, il y a cette accumulation de gaz qui font passer les températures augmentent, à quelques dizaines de kilomètres dans le sous-sol, et donc il y a une accumulation d'énergie. Il y a un risque qui est plus élevé, par rapport aux appréciations précédentes.

Et le gouvernement italien a mis en place un plan d'évacuation des populations...

Bien sûr, il ne faut pas oublier que Naples a longtemps été la ville la plus peuplée d'Europe. Là, on est dans un endroit qui est extrêmement dangereux en puissance, on a une concentration incroyable de population, car historiquement ces phénomènes volcaniques ont aussi donné des sols fertiles.

Les champs, ce sont plusieurs volcans terrestres et sous-marins, il y en a un qui s'appelle la Solfatare, la soufrière ?

Oui il y a en fait ces phénomènes d'émanation des gaz, donc les fumerolles qui donnent ce côté sulfureux ; cela permet aux scientifiques de vraiment mesurer de manière indirecte, quel est le niveau d'énergie qui, petit à petit, évolue au niveau du sous-sol.

Et donc ce plan du gouvernement italien de la région de Naples, avec plus d'un million de personnes à évacuer ? 

Bien sûr, il s'agit en fait d'une véritable épée de Damoclès. Et en même temps, les autorités ne veulent pas non plus, bien sûr, être dans l'excès d'alerte, car effectivement, on n'a pas véritablement une échelle temporelle, même selon les études les plus récentes sur le moment de la prochaine éruption.

A lire

Éruption avec témoins, la naissance du Monte Nuovo, Italie, 1538 par Brice Gruet, éditions Presses Universitaires, Blaise Pascal.

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